Origine et histoire de la Maison du sel
La Maison du sel, située 2 et 2a rue du Marché-aux-Poissons à Wissembourg (Bas-Rhin), est un immeuble emblématique de la ville inscrit au titre des monuments historiques depuis 1998. Peut-être édifiée ou reconstruite en 1448, comme l'indique une inscription encastrée dans la façade et refaite en 1905, elle se distingue par son imposant comble et sa forte volumétrie. L'inscription allemande mentionne la construction du « bâtiment supérieur » en 1448, la réalisation, cinquante ans plus tard, d'une « Dresz kammer » et cite Hans Ooschmann et Peter Kosgler comme administrateurs (Pfleger) de l'hôpital, ainsi que Hans Kolben comme Spitalmeister. L'ancien hôpital, attesté dans le Bruch dès 1234, possédait une vaste salle des malades haute de plus de cinq mètres : ses supports monumentaux subsistent, aujourd'hui partiellement masqués. Benoît de Neuflieu, dans sa description de 1775, signale une pièce carrée voûtée d'ogives dont la clé porte les armes de la ville ; la localisation exacte de la chambre forte reste toutefois problématique. Le toit a pu servir primitivement de séchoir pour le linge de l'hôpital, et le premier niveau du comble fut parfois utilisé comme salle pour les malades de l'ambulance militaire. À partir du XVIe siècle, l'édifice est désigné Metzig et Salzhaus ; il servit probablement d'abattoir principal entre 1526 et 1550 et continua d'être employé ponctuellement par les bouchers jusqu'à la Révolution. L'usage comme magasin à sel est attesté depuis 1578, mais il est probable que le rez-de-chaussée fut destiné au stockage du sel dès 1526 ; le mesureur du sel y avait sa résidence. Un second établissement hospitalier fut construit vers le sud vers 1510 (rue des Bouchers), et l'hôpital municipal fut transféré en 1526 dans l'ancien couvent des augustins, puis en 1553 dans celui des dominicains. D'importants travaux au XVIIIe siècle affectèrent le bâtiment, notamment la suppression du clocheton qui abritait la Spitalglocke, et des restaurations significatives eurent lieu en 1777, 1778 et 1790 sur le mur pignon nord et la charpente. La maison fut vendue par la ville en 1792 à Henri Rieffenach, l'exclusion du lanternon et de sa cloche étant stipulée ; Sébastien Heinrich, qui acquit la maison en 1798, racheta ce lanternon en 1800 pour le faire démolir.
