Origine et histoire
L'usine Boulenger est un témoignage bien préservé d'un important site industriel de fabrication de carreaux mosaïque incrustés, implanté à Auneuil en 1848 par les frères Achille et Aimé Boulenger, au cœur de la région céramique du pays de Bray. Le complexe comprenait la maison patronale, le magasin d'expédition — qui abrite encore aujourd'hui un four exploité par un potier japonais — et des bâtiments de production ornés d'une riche décoration céramique extérieure formant une véritable vitrine publicitaire pour l'entreprise. Entre 1872 et 1876 fut construit un magasin industriel, puis entre 1882 et 1887 un atelier de fabrication à claire-voie, des bureaux et un raccordement ferroviaire pour l'usine de carreaux en grès cérame. La maison patronale fut donnée à la ville en 1900 (cadastre AM 35) par le dernier des frères Boulenger, qui y avait constitué des collections et avait ouvert un musée à partir de 1885. En 1907 l'usine, rachetée par Lecallier, prit le nom de SAPCA (Société Anonyme des Produits Céramiques d'Auneuil). Plusieurs fours furent installés successivement : un four Hoffmann en 1908 (détruit), un four tunnel avant 1914 (détruit), un autre four Hoffmann en 1924, un four tunnel Gibbons en 1964 et un four tunnel van Den Kampf en 1974. Le site connut l'installation d'une machine à vapeur en 1879, son électrification en 1937, et la possession de brevets d'invention ainsi que des récompenses aux expositions entre 1855 et 1889. L'effectif atteignait environ cent ouvriers en 1946 et restait d'une centaine au moment de la fermeture de la manufacture en 1982. La façade orientale du bâtiment d'exploitation, avec sa cheminée, a été inscrite aux Monuments historiques par arrêté du 4 juin 1991, et la maison patronale, le bâtiment de direction et le magasin d'expédition ont été classés par le même arrêté. Le musée de la céramique architecturale s'est installé sur le site en 1994 ; le bâtiment appartient à la commune d'Auneuil tandis que les collections sont conservées par le MUDO — Musée de l'Oise. La production de la manufacture consistait essentiellement en mosaïques de carreaux incrustés et moulés, le plus souvent dans les trois couleurs de base — ocre-jaune, rouge « sang de bœuf » et noir — le jaune résultant de la cuisson de l'argile locale et le rouge d'un mélange d'argiles, les autres teintes étant occasionnelles. Les usines et les cités ouvrières, bordant la route nationale et couvertes de céramiques, constituaient une vitrine des réalisations Boulenger. Aujourd'hui le site conserve son rôle patrimonial et artisanal en accueillant le musée, un potier et un magasin de commerce.