Origine et histoire de la Maison-forte
La maison-forte de Louvigny, située dans la commune éponyme en Moselle, occupe un terrain plat au nord‑ouest du village. Elle a subi des attaques en 1444 par le duc René I puis en 1490 par René II lors des conflits contre la cité messine. La paix relative à partir de 1520 incita ses maîtres à transformer le site en une résidence mariant souci de défense et goût de la Renaissance. En 1590, une dernière série d’attaques toucha la maison‑forte, qui resta cependant aux mains de la famille Semeuze jusqu’en 1715 sans subir les conséquences de la Guerre de Trente Ans. Rachetée par les Faure de Fayolle, elle fut habitée jusqu’en 1914. Incendiée en 1914 et située près de la ligne de front, elle fut choisie comme poste de commandement par l’armée allemande ; l’inscription placée dans le cartouche au‑dessus de la porte atteste l’intervention de la 9e compagnie du 68e régiment d’infanterie de la Landwehr. Les travaux allemands comprirent l’implantation d’un blockhaus dans le fossé ouest et d’un second dans la cour intérieure, la reconstruction intérieure de l’aile nord avec la création de trois niveaux en béton accessibles depuis la cour, et l’aménagement de la tour nord‑est en chambre d’officier avec poêle et murs peints. L’édifice subit des dégâts en 1914 puis lors des combats de septembre 1944. Abandonné après la Libération, il a fait l’objet de travaux de restauration et de mise en valeur entre 1990 et 2000. La maison‑forte est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 2 novembre 1994.
Le plan est un quadrilatère irrégulier aux côtés ouest et sud dissymétriques, ceint d’un fossé sur les quatre faces. La construction se caractérise par une grande homogénéité stylistique : murs en moellons à parement régulier, vestiges de crépi à la chaux et encadrements de baies en pierre ocre provenant des carrières de Jaumont. Le bâtiment conserve un plan ramassé avec de hautes courtines percées de petites fenêtres ; le flanquement est assuré par trois tours circulaires et un angle arrondi au nord‑ouest, équipés de canonnières à la française. La tour sud‑est est enveloppée par une seconde tour, dispositif rare en Lorraine. Les murs de courtine servaient d’appui aux corps de logis disposés autour d’une cour centrale; au XVIIIe siècle on perça de grandes fenêtres rectangulaires pour améliorer le confort. L’accès se fait par l’angle nord‑est : la porte charretière, en arc en plein cintre, est surmontée d’un cartouche portant l’inscription 1536 sur son cadre supérieur, dont l’intérieur a été modifié par une inscription allemande en 1916. À gauche de l’entrée, la porte piétonne conserve la trace de la feuillure du pont mobile et, en remploi, un double médaillon représentant Claudine de Gournay et Christophe d’Orgeault, auteurs de la construction vers 1536.