Maison fortifiée à Condom dans le Gers

Maison fortifiée

  • 32100 Condom
Propriété privée

Période

XVe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures (cad. K 93) : inscription par arrêté du 24 février 1976

Origine et histoire

Cette maison fortifiée occupe un emplacement stratégique sur une colline, à la limite d'une zone de guerre entre Français et Anglais. Elle présente des fenêtres à meneaux, et ses tours ont sans doute été rabaissées au cours de son histoire.

Les maisons fortes sont des édifices mentionnés dans les sources à partir du dernier tiers du XIIe siècle, qualifiés sous diverses appellations latines qui signalent leur caractère défensif. Elles ne sont pas des châteaux au sens de castrum ou castellum, mais dépassent la simple résidence par l'adjonction d'éléments fortifiés. Ce phénomène se poursuit largement au XIIIe siècle et s'achève au début du XVIe siècle. Morphologiquement, une maison forte peut prendre l'aspect d'une demeure solide flanquée de tours ou celui d'une construction hétéroclite, et se rencontre tantôt en milieu rural, tantôt aux abords des bourgs ou le long des axes de circulation.

Elles appartiennent soit à des cadets, parents ou alliés de familles seigneuriales, soit à des bourgeois enrichis exerçant des offices importants, et leur implantation près des gués, moulins et centres de production traduit souvent une position économique avantageuse. La fortification — tours, palissades, fossés, créneaux — nécessitait une autorisation spéciale du seigneur dominant et des seigneurs voisins de la paroisse. Du point de vue militaire, une maison forte devait pouvoir résister quelques heures à l'assaut d'une petite troupe. L'essor du type est lié à la multiplication des chevaliers accédant à la noblesse dans la seconde moitié du XIIe siècle, comme l'attestent hommages, aveux et reconnaissances.

Dans le comté de Savoie, des maisons sont fortifiées de fait, même si leur appellation ne l'indique pas, comme l'a démontré Alain Kersuzan. Il faut distinguer les maisons relevant du « prince », commandées par un capitaine ou un vice-châtelain et dépendant d'un châtelain pour les armes, les engins, les munitions, la solde des défenseurs et l'entretien. Les « bâties », dépendant également d'un chef-lieu de châtellenie, constituent un type plus essentiellement militaire que les maisons, toujours rurales et moins adaptées à l'habitation.

Les propriétaires de maisons fortes ont souvent cherché à imiter le château en ne reprenant que ses éléments symboliques, surtout la tour et la salle, et en organisant l'espace selon des usages comparables — lieux privés (camera), de sociabilité (aula) et cultuels (capella). Outre l'image de puissance, ces demeures témoignent d'un souci esthétique : aménagements extérieurs soignés, organisation intérieure travaillée et décors peints, et, en Bourgogne, une orientation fréquente des façades à l'est. Des recherches montrent des morphologies variées selon les régions — en Savoie on parle parfois de maison-tour, en Bretagne de manoir — et certaines mottes castrales ont été transformées en maisons fortes. Les communautés religieuses, notamment cisterciennes et bénédictines, ont également intégré ce type de logis fortifié à leur patrimoine.

Aujourd'hui, beaucoup de ces édifices prennent l'apparence de fermes ou de demeures campagnardes et n'affichent plus d'attributs clairement nobiliaires. Le phénomène n'est pas limité à la France : on trouve des exemples en Belgique — Bastogne a compté une maison forte érigée au IXe siècle, disparue pendant la seconde guerre mondiale — et en Svanétie, où les tours svanes, très élevées et de plan carré, servaient d'abri familial prolongé.

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