Origine et histoire de la Maison Mantin
La Maison Mantin est une demeure bourgeoise de la fin du XIXe siècle située au n°3 place du Colonel-Laussedat, au cœur de Moulins (Allier), entre la cathédrale, le château des ducs de Bourbon et le musée Anne-de-Beaujeu. Construite à la demande de Louis Mantin et conçue par René-Justin Moreau, en collaboration avec son père Jean-Bélisaire Moreau, la maison a été édifiée entre 1894 et 1897 sur l’emplacement de la maison familiale détruite et sur une partie du terrain du palais ducal incendié en 1755 ; quelques soubassements subsistent, notamment un escalier sous la tourelle sud et des galeries souterraines. L’architecture éclectique mêle les allures de villa balnéaire et d’édifice moyenâgeux : la composition comprend un rez-de-chaussée, un étage noble et un étage sous combles, avec au nord un corps carré en pavillon abritant l’escalier qui relie les appartements à la maison du concierge, une tourelle demi hors-œuvre à l’angle nord-est, une tourelle carrée au sud-ouest et une tour octogonale isolée au sud reliée au bâtiment principal par une galerie en surplomb. À l’intérieur, le décor associe boiseries, peintures, vitraux et le mobilier d’origine conservé pour présenter le mode de vie d’un bourgeois de la fin du XIXe siècle. Les deux pièces principales du rez-de-chaussée bénéficient de plafonds à caissons et de boiseries intégrant des tapisseries ; les salles de réception sont séparées par trois ouvertures en plein cintre dont les tympans sont peints de petites scènes, et la cheminée du cabinet de travail est ornée de carreaux de Delft. Au premier étage, le dessus des portes de la chambre dite « des quatre saisons » porte des peintures inspirées de scènes galantes encadrées de moulures rococo, la chambre voisine est tapissée de cuirs de Cordoue illustrant des scènes exotiques, et la salle de bain conserve des vitraux figuratifs de style Art nouveau. Le deuxième étage abrite le cabinet de curiosités où Louis Mantin exposait ses collections — pièces préhistoriques, gallo-romaines et égyptiennes, porcelaines, verreries, clés anciennes, grelots, pistolets et objets exotiques — tandis que l’observatoire situé au-dessus de la salle de bain présente, entre ses baies, des médaillons à thème animalier, une mosaïque à la grue et un éventail peint évoquant une influence japonisante, ainsi qu’une inscription latine sur le passage du temps. La maison intègre plusieurs innovations techniques de son époque : éclairage électrique, eau chaude et eau froide, douche et toilettes à chasse d’eau, chauffage par circulation d’air chaud distribué depuis un calorifère à charbon et un chauffage au sol, ainsi qu’une installation téléphonique partiellement conservée dans le bureau. La propriété comportait également une usine à charbon installée dans les jardins bas dès 1892, à laquelle Louis Mantin s’est raccordé pour bénéficier de l’alimentation électrique. Louis Mantin, issu d’une famille de fabricants de meubles, fit de cette demeure un lieu de collectionneur et d’érudit ; il légua la maison à la ville de Moulins à sa mort en 1905 afin qu’elle témoigne du mode de vie bourgeois de son époque. La Maison Mantin a ouvert au public en 1910, puis les visites furent limitées pendant l’entre-deux-guerres pour des raisons de conservation et la maison resta fermée pendant plusieurs décennies ; elle a rouvert en novembre 2010 en tant que musée après près de trois années de travaux et de restauration conduits par le conseil général de l’Allier. L’entrée de la Maison Mantin est commune avec celle du musée Anne-de-Beaujeu et la visite se fait avec un guide-conférencier ; une salle de projection permet de visionner une présentation avant la visite. La conservation simultanée des décors intérieurs, du mobilier et des collections confère à la Maison Mantin un caractère singulier et en fait un témoignage précieux de l’habitat et des pratiques de collection à la Belle Époque.