Origine et histoire de la Maison Muratet
Cette maison illustre la construction civile médiévale et réunit plusieurs corps de bâtiments d'époques différentes. Des dégagements récents ont permis de retrouver l'unité architecturale du corps le plus ancien, sans doute une maison indépendante de la première moitié du XIIIe siècle. Ce corps trapézoïdal à deux étages, couvert d'un toit à deux versants, présente une façade sur rue qui, malgré des remaniements du XIXe siècle, conserve son appareil en pierre de taille et les éléments permettant de reconstituer son ordonnance d'origine : trois niveaux séparés par des cordons moulurés saillants au niveau des appuis (le premier cordon reposait sur une série de modillons sculptés), une série d'arcades au rez-de-chaussée correspondant aux boutiques et deux étages comportant chacun quatre fenêtres géminées en arc brisé reliées par des cordons d'imposte. À la fin du XVe siècle, les arcades brisées du rez-de-chaussée furent remplacées par des arcades segmentaires et l'on ajouta une porte avec linteau décoré et une archivolte en accolade ; la plupart des fenêtres géminées furent transformées en croisées. L'élévation sur cour a été remontée en moellons à la fin du XVe siècle. Le premier étage comprenait deux pièces séparées par une cloison en pan de bois et torchis, appuyée contre un pilier central maçonné ; cette cloison conserve d'importants vestiges de peintures murales représentant des griffons dans des médaillons entrelacés et une frise supérieure de chevaliers armoriés, décor datable de la première moitié du XIIIe siècle. On observe également quelques traces d'aménagements intérieurs de la fin du Moyen Âge et du XVIIe siècle. L'escalier à vis, portant noyau, a été construit dans une cage ovoïde en demi hors-œuvre sur la façade latérale, à l'origine tournée vers la rue ; sa porte en arc brisé et ses différentes ouvertures situent sa construction à la fin du XIVe ou au début du XVe siècle. Il est considéré comme l'un des premiers exemples d'escaliers à vis ayant remplacé à Saint-Antonin les anciens escaliers droits en bois ou en pierre. Le corps principal sur la rue remonte au troisième quart du XIIIe siècle et, selon des datations dendrochronologiques, probablement aux années 1252-1264. Des critères formels laissent penser que ce corps fut remanié à la limite des XVe et XVIe siècles — porte d'entrée, arcades segmentaires, cheminée, escalier en vis — mais l'analyse des bois situe la construction de l'escalier en vis au début du XVe siècle, après 1410, et les modifications de la façade au troisième quart du XVIe siècle ; ces datations sont toutefois considérées comme moins convaincantes dans ce cas. D'autres corps, notamment un corps en pan de bois, furent progressivement ajoutés aux XVe ou XVIe siècles. L'ensemble a subi d'importants remaniements ultérieurs, en particulier au XIXe siècle.