Origine et histoire de la Maison-Musée
La maison dite Le Belvédère, construite en 1907 par l'architecte J. Morel, fut achetée par Maurice Ravel en janvier 1921 ; il la fit agrandir en 1924 et en assura la décoration intérieure, cloisonnant plusieurs pièces. Le nom de la maison vient de sa situation à flanc de coteau et du panorama qu'elle offre sur Montfort-l'Amaury et la forêt de Rambouillet. C'est dans ce cadre que Ravel composa la plupart de ses œuvres à partir de 1921, parmi lesquelles L'Enfant et les Sortilèges, les Chansons madécasses, le Boléro, l'orchestration du Menuet antique, le Concerto en sol et le Concerto pour la main gauche. La demeure, dont la variété de meubles et d'objets reflète étroitement l'univers du compositeur, constitue un lieu de mémoire matériel et vivant.
Le Belvédère fut trouvé pour Ravel en décembre 1920 par son amie Georgette Marnold, après que le musicien lui eut demandé, le 25 mars 1920, de lui chercher « une bicoque à 30 km au moins de Paris ». Durant son séjour, Ravel y reçut de nombreux musiciens et amis : une grande fête organisée en 1928, dite « L'impromptu de Montfort-l'Amaury », rassembla une cinquantaine d'invités et servit à inaugurer le buste réalisé par Léon Leyritz. À la mort du compositeur en 1937, la maison revint à son frère Édouard Ravel ; elle fut d'abord gardée par la gouvernante de Maurice Ravel, Madame Marie Reveleau, puis confiée à Céleste Albaret et à sa sœur Marie Gineste à partir de 1954-1955 selon une convention de gardiennage signée le 10 mars 1955.
Édouard Ravel légua Le Belvédère à la Réunion des Musées Nationaux dans son testament du 18 juillet 1958. Après les démarches administratives nécessaires, le legs fut concrétisé en novembre 1971 et un bail emphytéotique de 99 ans fut signé au bénéfice de la ville de Montfort-l'Amaury. Des travaux menés par la ville en 1972-1973 permirent d'aménager un accueil et le musée ouvrit officiellement le 18 mai 1973. Depuis son ouverture, la maison-musée a été animée par des guides successifs, notamment Madame Merlin, sa fille Claudine Merlin, puis Claude Moreau de 1986 à 2017.
Le musée a participé à des prêts et commémorations, comme l'exposition organisée à la Bibliothèque nationale en 1975 pour le centenaire de la naissance de Ravel, et a bénéficié d'actions de conservation et de restauration financées par la ville et l'association « Maurice Ravel et Montfort-l'Amaury » à partir de 1995. Le Belvédère a été inscrit au titre des Monuments historiques en 1994, a obtenu le label Musée de France en 2003 puis le label Maison des Illustres en 2011 ; son inscription aux Monuments historiques, initiale en 1994, a été élargie en 2019 pour inclure le jardin et l'ensemble a été classé en 2022. D'importants travaux de restauration, menés au tournant des années 2000 sous l'égide des Monuments historiques, aboutirent à la réouverture du musée en septembre 2004 ; le jardin a été replanté en 2000 dans l'esprit japonisant souhaité par le compositeur, d'après des documents d'archives.
La maison conserve de nombreux objets précieux et insolites, témoins de la passion de Ravel pour les bibelots et la décoration soignée. Le salon de musique abrite le bureau du compositeur et son piano Érard, fabriqué en 1908 et acquis en 1911, installé au Belvédère à partir de janvier 1921 après avoir séjourné à Paris puis à la Villa Helena à Saint-Cloud. On y trouve aussi cinq portraits de la famille par divers artistes, tandis que la salle à manger présente, entre autres pièces, un buste de Maurice Ravel réalisé en 1928 par Louise Ochsé. Le musée expose régulièrement des prêts et participe à des événements nationaux ; ainsi, il a prêté des objets à l'exposition Ravel Boléro à la Philharmonie de Paris en 2024-2025.
Plusieurs épisodes récents ont marqué la vie du Belvédère : des recommandations issues d'un rapport de l'inspection générale des Musées de France en 2018, une donation importante reçue le 15 novembre 2023 de l'association des Amis de Maurice Ravel comprenant œuvres et archives, et le prêt d'une partie des collections pour l'exposition Ravel Boléro à la Philharmonie. Des scènes du film Boléro d'Anne Fontaine ont été tournées au Belvédère au printemps 2023. Depuis juin 2023, Anne Million-Fontaine assure la fonction d'attachée de conservation. Pour commémorer le 150e anniversaire de la naissance du compositeur, la ville a organisé, le 7 mars 2025, le lancement d'un timbre et la présentation d'une nouvelle édition de la correspondance de Ravel.
Le Belvédère se visite en petits groupes : des visites guidées ont lieu chaque week-end et en semaine sur rendez-vous auprès de la Maison du tourisme de Montfort-l'Amaury, pour des groupes limités à six personnes.