Origine et histoire de la Maison Prunet
La maison Prunet est une maison gothique médiévale de Cordes-sur-Ciel, classée monument historique depuis le 12 juillet 1923. Des analyses dendrochronologiques menées sur les poutres du plafond de la boutique ont daté la coupe des arbres à l’automne-hiver 1269-1270, ce qui permet de situer la mise en œuvre au printemps 1270 ; la façade et l’ensemble du corps de bâtiment sur rue sont ainsi attribuables au tout début de la décennie 1270. Le corps arrière, en revanche, ne paraît pas antérieur au XVe siècle ou a été largement remanié à cette époque. La maison, élevée au Moyen Âge par une riche famille cordaise, fait partie des édifices qui ont valu à Cordes-sur-Ciel le surnom de « cité aux cent ogives ». Elle jouxte la maison Carrié-Boyer et partage avec elle des corniches continues d’une façade à l’autre. Le nom actuel provient de Louis Prunet, limonadier à Toulouse dans les années 1860, et Charles Portal signale qu’un parchemin du XIIIe siècle intitulé « Sorts des Apôtres » aurait été découvert dans un mur de cette maison par Louis Prunet. La façade sur la rue Grande a été restaurée à la fin des années 1950 et la maison a fait l’objet d’importants travaux vers 1989, période où la Maison du sucre occupait le rez-de-chaussée. La demeure compte trois étages : le rez-de-chaussée présente trois arcades, le premier étage six baies disposées deux à deux et surmontées de trois arcs brisés, et le second étage aligne le même nombre d’ouvertures sur celles du premier. Les chapiteaux des colonnettes qui encadrent les fenêtres sont très ouvragés, ornés notamment de feuilles de vigne vierge et de motifs de mauve, et les arcs sont couronnés de sculptures de têtes humaines et animales, singe ou chien. L’intérieur s’organise autour d’une cour à ciel ouvert qui permet d’admirer les galeries en bois desservant les étages. Lors de la démolition d’un mur au XIXe siècle, on a découvert un parchemin de 57 lignes présentant des réponses à des questions existentielles ; chaque ligne est reliée à une petite ficelle colorée alternant vert et jaune, de sorte que, une fois le rouleau enroulé, le choix d’un cordon permettait de connaître son « sort » en déroulant le parchemin. Ce rouleau, dit « Sorts des Apôtres », est conservé à la Bibliothèque nationale de France. En 1988, Yves Thuriès a ouvert dans la maison un atelier de transformation, puis, en 1989, une exposition permanente d’œuvres en sucre et en chocolat destinée au public ; le musée « Les arts du sucre et du chocolat » présente des techniques de modelage et la visite permet également de découvrir l’intérieur caractéristique d’une maison médiévale, avec cheminées, galerie sur cour et escalier en pierre.