Maison dans le Tarn

Maison

  • 81000 Albi
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Crédit photo : Jean-Christophe BENOIST - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIe siècle, XVe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures sur rues (cad. H1 558) : inscription par arrêté du 9 juin 1971

Origine et histoire

Cette maison, dite hôtel de Fenasse ou Maison romane, se situe à l'angle du 1 rue des Foissants et de la rue Saint-Étienne à Albi. Elle figure au compoix de 1343 sous le nom de "Foissenx" et présente des vestiges romans qui permettent de la rattacher à la seconde moitié du XIIe siècle. L'édifice se distingue des constructions albigeoises en brique par ses murs en pierre appareillée, tandis que la partie orientale de la façade sur la rue Saint-Étienne conserve des pans de bois et des briques, avec, à divers endroits, l'appareil de pierre d'origine. Près de l'angle ouest de cette même rue subsiste un arceau roman en plein cintre cantonné d'une archivolte sculptée de palmettes qui se prolonge latéralement par deux bandeaux horizontaux au niveau des tailloirs; les colonnettes encadrant l'arc ont conservé bases et chapiteaux ornés d'animaux monstrueux, et une sculpture érodée pourrait représenter un cavalier. Une tourelle gothique ouvre sur une cour adjacente par une porte sculptée du XVe siècle, et c'est au XVe siècle encore qu'une tour de brique a été élevée dans la cour pour desservir les étages à partir de la rue des Foissants, avec de nouvelles ouvertures percées sur la façade nord et la façade secondaire. L'analyse stylistique des éléments conservés, notamment la moulure en tore et le profil des bases de colonnes, rapproche l'ornementation de celle des portails de l'église Saint-Salvi et de décors comparables au portail de Saint-Michel de Lescure ou au pavillon d'Adélaïde à Burlats, ce qui étaye une datation haute pour la demeure. Au Moyen Âge la maison s'ouvrait largement sur la rue par de grands arcs évoquant un espace commercial : des boutiques indépendantes occupaient le rez-de-chaussée, distinctes des entrées qui desservaient le logis situé aux étages. L'accès principal se faisait, selon Catherine Guiraud, par une porte sur la rue Saint-Étienne couverte d'un arc en plein cintre à deux rouleaux à ressaut décoré ; une entrée secondaire, rue des Foissants, conduisait à la cour où devait se trouver l'escalier menant aux étages. À l'étage, une vaste salle ouvrait sur la rue Saint-Étienne par une série de baies cintrées dont une seule subsiste, et des vestiges de relief montrent que le décor débordait sur les encadrements et le mur. La demeure appartint aux Fenasse, riche famille de marchands et financiers, jusqu'au XIVe siècle; Guillaume Fenasse en était propriétaire dans les années 1250, puis fut dépossédé pour cause d'hérésie autour de 1300, après quoi la maison passa à un frère de l'évêque Béraud de Fargues, neveu du pape Clément V. Elle hébergea ensuite la demeure seigneuriale des vicomtes d'Albi — d'où son appellation "Viscomtia" selon Émile Jolibois — puis devint propriété du sénéchal de Toulouse Pierre-Raimond de Rabastens, vicomte de Paulin, avant d'appartenir en 1791 au négociant Étienne Lacombe. Les archives municipales mentionnent une cave, trois étages au-dessus du rez-de-chaussée du côté principal et seulement deux étages côté rivière, ainsi qu'un puits, une écurie, un magasin et une terrasse. Repérée et décrite par Alexandre Du Mège, la maison a ensuite fait l'objet d'une procédure de protection aux monuments historiques ; un premier dossier non daté concernait les façades sur rue de la parcelle 220, puis les façades et toitures sur la rue des Foissants et la rue Saint-Étienne ont bénéficié d'une protection dans les années 1970, les façades et toitures étant inscrites au titre des monuments historiques le 9 juin 1971. L'intérêt porté à l'édifice et l'étude des vestiges ont permis de reconstituer son histoire architecturale et d'attester son rôle à la fois résidentiel et commercial dans l'urbanisme médiéval d'Albi.

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