Origine et histoire de la Maison Vaucanson
Maison Vaucanson, également appelée hôtel d'Ornacieux, est un monument historique situé au 8 rue Chenoise, dans le centre piétonnier du quartier Notre-Dame de Grenoble, à proximité de la cathédrale. Édifiée dans la seconde moitié du XVIIe siècle par Jean III de La Croix de Chevrières, marquis d'Ornacieux, elle tient son appellation d'« hôtel d'Ornacieux » en raison de ses premiers propriétaires. L'ingénieur Jacques Vaucanson y séjourne brièvement en 1717 en tant que locataire, ce qui vaut à l'immeuble son nom populaire bien que sa naissance ait eu lieu dans une autre rue. L'édifice se trouve au début de la rue Chenoise, rue qui, par sa proximité avec le Parlement du Dauphiné, devint le lieu de résidence privilégié de membres de la robe, de marchands et d'artisans. Il s'implante le long du Verderet, ancienne rivière traversant l'est de Grenoble et désormais canalisée et enterrée, dont l'emplacement a servi ensuite de cour et de jardin. La partie arrière de la cour repose sur un large pilier de bois rond, vestige de terrains marécageux et d'aménagements anciens attestés dès 1605 ; cette zone a été utilisée comme écurie et comprenait autrefois un pont et une pêcherie sur le ruisseau. Les immeubles de la rue Chenoise comportaient traditionnellement des boutiques ou ateliers en rez-de-chaussée et des jardins dans leurs cours, ce qui fut le cas ici. Au XVIIIe siècle, des travaux d'embellissement donnent à l'hôtel l'aspect d'une villa italienne ; vers 1760 est construit un grand escalier d'honneur à loggia avec arcades extérieures et rampe à balustres, et des aménagements datés de cette époque renforcent la qualité architecturale de l'ensemble. Avant et pendant la Révolution, la maison passe entre plusieurs mains, notamment celles des familles Bourcet de la Saigne, Baratier et Heurard de Fontgalland, et elle connaît diverses cessions et partages de locaux au fil des siècles. La vie sociale de l'hôtel a été animée : la domesticité, les écuries et les remises occupaient une aile de l'immeuble, il abrita des boutiques et une auberge au début du XIXe siècle, et il a été représenté lors de l'inondation de Grenoble en 1859 par un dessin de Diodore Rahoult. Certaines traditions locales attribuent au lieu des épisodes de la vie privée d'Henri Beyle (Stendhal), mais ces récits restent incertains et contradictoires selon les sources. L'ensemble constitué du portail et de l'escalier à balustres en pierre a été inscrit aux monuments historiques le 4 novembre 1983, à la suite d'une rénovation menée par la mairie dans le cadre de la réhabilitation du centre ancien ; l'immeuble était alors très dégradé et occupé par des familles populaires. Le principal propriétaire est depuis lors le bailleur social Actis et l'édifice accueille notamment l'association Amel - Humacoop. Une campagne de restauration achevée en 2020 a permis de rénover la façade, les cours intérieures ornées de volutes de style Louis XIII et le portail en pierre bicolore, et des visites ont été organisées à l'occasion des Journées européennes du patrimoine. Depuis quelques années, le festival Voix aux fenêtres se tient régulièrement dans la cour du 8 et du 10 rue Chenoise. La façade sur rue conserve un portail Louis XIII en pierre bicolore à bossages et fronton brisé qui ouvre sur un passage menant à la cour; les logis principaux et les loggias qui les relient s'articulent autour de cet espace, suivant une inspiration italienne. Une niche du dernier étage abrite une Vierge qualifiée d'archaïque. À l'arrière, de larges ouvertures en anse de panier et un escalier orné de balustres de pierre donnent à la composition un caractère majestueux, tandis que les galeries de la façade opposée ont été partiellement obturées au XIXe siècle, rompant la symétrie originelle.