Patrimoine classé

La manécanterie : classement par liste de 1862

Origine et histoire

La Manécanterie est un monument historique de Lyon, situé dans le quartier de Saint-Jean, accolé au sud-sud-ouest de la cathédrale et faisant partie de l'ancien cloître. Elle a d'abord servi aux chanoines de la cathédrale avant de devenir une école de chant pour le clergé. Les fondations n'ont jamais pu être atteintes pour analyse archéologique. La Manécanterie est parfois présentée comme le plus ancien bâtiment de Lyon en dehors des vestiges romains, mais peu de textes permettent de préciser sa date de construction. Une lettre de l'archevêque Leidrade adressée à Charlemagne vers 810 évoque la construction d'un cloître pour les clercs et laisse entendre l'existence d'un lieu de vie commune conforme à la Regula canonicorum. Les textes suivants sur ces bâtiments datent du XIIe siècle. Une étude archéomagnétique de 1995 atteste que les briques de la première construction datent d'environ l'an 800. Le bâtiment actuel semble résulter de trois campagnes de construction et repose sur des structures des IIe et VIIIe siècles. La partie la plus ancienne connue, rattachée au IIe siècle, appartenait à un édifice plus vaste édifié lors du comblement du bras de la Saône formant l'île Saint-Jean et fut détruite par un incendie au IVe siècle. Dans sa section la plus ancienne, l'arc monumental de la façade sud paraît contemporain de la lettre de Leidrade et faisait probablement partie du bâtiment de vie commune des chanoines ; pendant la période romane il abrita le réfectoire des chanoines. La façade ouest, de style roman, et ses sculptures peuvent être rapprochées du début du XIIe siècle et présentent aussi des influences gothiques, romanes et byzantines. Le décor de la porte de cette façade rappelle celui de l'abside de la basilique Saint-Martin d'Ainay. Des transformations se succédèrent au bas Moyen Âge et à l'époque moderne, notamment en raison de la surélévation de la voirie de la place Saint-Jean. Les statues de saints placées dans les niches rectangulaires de la façade évoquaient les disciplines alors enseignées, telles que la religion, la musique, la géométrie et l'astronomie. Au XVIe siècle, la Manécanterie subit des dégradations lors de la prise de Lyon en 1562 par les troupes du baron des Adrets, qui endommagèrent les sculptures. La plus ancienne représentation connue de la Manécanterie figure sur le document dit Anonyme Fabriczy, daté de 1568-1572 ; le bâtiment mitoyen au sud, appelé domus puerorum, fut détruit en 1809. Du XVIe au XVIIIe siècle, des modifications importantes furent apportées : percement de fenêtres, ajout d'un étage au XVIIe siècle et comblement d'arches ; la salle basse était alors désignée « grande salle des clergeons » et des caves y sont mentionnées. Au XVIIIe siècle, le bâtiment devient officiellement une manécanterie ; dès 1768, les ailes sud et est du petit cloître furent démolies pour construire la « Nouvelle Manécanterie », l'aile ouest étant conservée provisoirement. La Révolution interrompit les travaux de la « Nouvelle Manécanterie » et sauva ainsi la « Vieille Manécanterie », qui devint bien national et fut vendue à des particuliers. En 1806, la paroisse racheta le bâtiment pour y loger les enfants de chœur ; l'édifice du sud fut détruit en 1809 pour laisser place à un immeuble de rapport, lui-même détruit en 1866. La Manécanterie a été classée monument historique en 1862. À partir de 1930, elle abrita le dépôt puis le musée du Trésor de la cathédrale Saint-Jean, collection constituée au XIXe siècle par les cardinaux Fesch et de Bonald. Le musée, dont l'entrée se situe à l'intérieur de la cathédrale, est géré par le Centre des monuments nationaux et le Conseil départemental du Rhône et présente des objets liturgiques allant de l'époque byzantine au XXe siècle, parmi lesquels orfèvrerie, livres et missels anciens, émaux limousins, vêtements et tapisseries. La façade ouest et la structure générale de la Manécanterie témoignent des différentes phases de construction et des changements d'usage qui ont marqué l'édifice depuis l'époque carolingienne.

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