Origine et histoire du Manoir d'Eyrignac
Le château actuel d'Eyrignac, rebâti entre 1653 et 1660 par Antoine de Costes de la Calprenède, succède à un castel attesté dès le Haut Moyen Âge. Le castel médiéval avait été mis à sac pendant la Fronde des Princes, puis un manoir fut édifié en 1653 à son emplacement. Au XVIIIe siècle, son arrière‑petit‑fils Louis‑Antoine Gabriel de la Calprenède fit dessiner un jardin à la française, inspiré des villas d'Italie. Au XIXe siècle, les jardins furent transformés en parc à l'anglaise. Après l'abandon du domaine à la suite de la guerre de 1914‑1918, il resta délaissé jusqu'aux années 1960. Dans les années 1960, Gilles Sermadiras entreprit de restituer un jardin régulier en s'appuyant sur les vestiges retrouvés (murets, escaliers, ancien bassin) et en dessinant lui‑même le projet, assisté ensuite par son fils. Le manoir et ses jardins ont été ouverts au public en 1987.
Le château est précédé au sud d'une cour qui communique à l'ouest avec les communs, ponctuée aux angles sud‑ouest et sud‑est par deux pavillons carrés. Le logis rectangulaire, sobre et équilibré, présente côté sud deux niveaux et un haut comble couvert d'ardoises. À l'ouest, les communs forment deux ailes perpendiculaires, partiellement couvertes de lauzes. Les jardins sont dominés par deux axes perpendiculaires : la perspective est‑ouest composée par l'allée des Charmes et l'allée des Vases à l'est du château, et la perspective montante dite « jardin français » dans l'axe sud du bâtiment. De l'ouest au sud, l'ensemble comprend des aménagements périphériques : le grand bassin ou vivier des communs, le potager, la pépinière et la roseraie, ainsi que la maison du jardinier et des espaces d'accueil aménagés dans l'ancienne ferme.
Situés à Salignac‑Eyvigues, en Dordogne (Périgord noir, Nouvelle‑Aquitaine), les jardins du manoir d'Eyrignac sont labellisés « Jardin remarquable » et inscrits à la liste supplémentaire des monuments historiques pour les XVIIe et XVIIIe siècles. Ils se trouvent non loin de la grotte de Lascaux et de Sarlat‑la‑Canéda. Les jardins d'Eyrignac ont connu plusieurs styles successifs : le jardin à la française au XVIIIe siècle, le jardin à l'anglaise au XIXe siècle, puis des recompositions au XXe siècle inspirées des jardins italiens de la Renaissance, des grands jardins à la française et des jardins médiévaux. L'ordonnancement à la française demeure la dominante, adoucie par des réminiscences italiennes et par des espaces champêtres en périphérie, ce qui donne un caractère singulier à l'ensemble.
Les topiaires constituent la spécificité d'Eyrignac : sphères, cylindres, pyramides, volutes et parallélépipèdes, taillés à la cisaille et au fil à plomb, forment sculptures végétales, chambres de verdure, broderies de buis et parterres réguliers. Le domaine expose environ 300 formes de sculptures taillées et quelque 50 000 plants d'ifs, de buis et de charmes. Le jardin reste majoritairement vert toute l'année grâce aux essences principales — ifs, buis, charmes et cyprès — ponctué du blanc des rosiers et de touches rouge vif dans les décors. Alain Baraton a exprimé son admiration pour Eyrignac, le qualifiant de jardin extraordinairement bien entretenu.
Parmi les éléments marquants, l'allée des Charmes, longue de cent mètres, constitue la colonne vertébrale du jardin et est structurée par vingt paires de charmes ; l'allée des Vases doit son nom aux vases florentins qui accueillent des ifs taillés en boule. À l'extrémité de la perspective de l'allée des Charmes se trouve une pagode d'inspiration asiatique, laquée de rouge. Le jardin français, situé dans l'axe du manoir, est un parterre de buis à dessin arabesqué dont l'effet se découvre depuis l'étage noble de la demeure. Le vivier, bordé d'arcades végétales, évoque les jardins italiens de la Renaissance. Le jardin blanc, dernier grand projet de Gilles Sermadiras, est aménagé comme un jardin secret : deux allées orthogonales dessinent quatre parterres bordés de doubles bordures de buis et de fleurs blanches, avec en leur centre des fontaines entourées d'une broderie de buis en étoile, la fontaine principale étant ornée de quatre grenouilles cracheuses s'inspirant du bassin de Latone à Versailles. Le potager, de dimensions modestes, associe légumes et fleurs dans un esprit de jardin utilitaire et d'agrément, tandis que le jardin fleuriste offre des massifs aux couleurs vives en contraste avec la prédominance de la verdure.
Le site appartient à l'association « Les Plus Beaux Jardins de France » et a reçu le Prix Jardins d'Exception EBTS France en 2010. Les jardins accueillent de nombreux visiteurs chaque année et attirèrent 80 000 visiteurs en 2022. Chaque été, les propriétaires organisent des pique‑niques blancs en soirée, une fois par semaine.