Origine et histoire du Manoir d'Herclat
Le manoir d'Herclat est une demeure des XVIe–XVIIe siècles située sur le territoire de l'ancienne commune de Néville-sur-Mer (Manche), aujourd'hui intégrée à la commune nouvelle de Vicq-sur-Mer. Il est partiellement inscrit aux monuments historiques ; les façades et toitures du manoir et de l'ensemble des communs ainsi que les deux portes charretières le sont par arrêté du 7 mars 1975.
Le manoir se trouve au bout d'une impasse, à un kilomètre au sud du bourg de Néville-sur-Mer et à 1,2 km à l'ouest du manoir de Gouberville. Il aurait appartenu vraisemblablement à la famille Thomas, sieurs de Herclat, qui se serait installée à Néville vers 1550. Selon l'abbé Louis Drouet, il fut la propriété de Christophe Thomas, capitaine sous Louis XIII de la côte du Val de Saire ; ce dernier épousa Marie Lecanu le 13 avril 1643 et légua Herclat, peu avant sa mort, à Marie-Bonaventure Thomas, épouse de François de Beaudrap, bailli de Bricquebec.
Pendant deux siècles les fermiers du domaine furent les Pontus ; c'est en ce lieu que naquit le 19 juin 1763 Jean-Baptiste Michel Pontus, vicaire à Saint-Sulpice de Paris, massacré le 2 septembre 1792 à la prison des Carmes et béatifié le 17 octobre 1926.
Le corps du logis et les communs datent principalement de la fin du XVIe siècle et de la seconde moitié du XVIIe siècle et s'organisent autour d'une vaste cour rectangulaire accessible par une double porte piétonne et charretière. Les communs, aveugles sur l'extérieur, ferment la cour et se distinguent par des linteaux de porte surbaissés d'une seule pierre et par une porte de cellier élargie par deux corbeaux à double ressaut pour laisser passer de grands tonneaux.
Deux bâtiments en équerre isolés forment la maison manable. Le premier logis, affecté au fermier, conserve des éléments du XVIe siècle, notamment une porte en arc surbaissé et une petite fenêtre chanfreinée munie de barreaux ; il est prolongé par des communs accessibles par un escalier extérieur parallèle et desservi par un escalier logé dans un haut pavillon carré très débordant du XVIIe siècle. La façade de ce pavillon, dépourvue de porte et coiffée d'un gable triangulaire, est percée de deux fenêtres superposées surmontées d'une ouverture plus petite. L'accès au logis se fait par deux portes au rez-de-chaussée surélevé : l'une en plein cintre encadrée à gauche d'une grande fenêtre et à droite d'une petite fenêtre protégée par une grille, l'autre à arc surbaissé voisine d'une fenêtre étroite. L'étage unique s'éclaire par trois petites fenêtres et une grande ouverte au-dessus de la porte en plein cintre ; tous les linteaux des fenêtres sont droits. À l'intérieur se remarque une cheminée ornée, dont le manteau et les corbeaux conservent un décor polychrome partiellement préservé de palmes ou de coquilles et deux blasons illisibles, restés frustres ou bûchés à la Révolution.
La seconde maison manable, datée du XVIe siècle et située à droite, présente un rez-de-chaussée surélevé comprenant une grande salle éclairée par une fenêtre à meneaux chanfreinés, partiellement munie de grilles, surmontée d'une petite fenêtre chanfreinée, et desservie par un escalier extérieur en pierre ; elle servait de résidence au maître des lieux lors de ses séjours. Sur un linteau de granite au-dessus d'une cheminée figure un blason sculpté qui représenterait les armes de la famille Le Roux d'Auville : de gueules au chevron d'or accompagné de trois roses d'argent. Devant le manoir se dresse un chêne remarquable et, sur la gauche, une maison présentant aussi des éléments du XVIe siècle.