Origine et histoire du Manoir d'Inthéville
Selon la tradition locale, un château se serait jadis élevé au roc du Castel, sur le rivage de l'anse de la Mondrée ; l'actuel manoir d'Inthéville se trouve cependant un peu en retrait, au hameau de la Cour d'Inthéville, à 1,1 kilomètre au nord-est de l'église Saint-Martin de Fermanville. Le vocable « cour » atteste la présence, depuis l'époque féodale, d'une curtis, résidence seigneuriale liée à l'exploitation domaniale. Le corps de logis principal est daté de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle et aurait été édifié par la famille de Pirou, qui possédait la seigneurie depuis le début du XIVe siècle. La chapelle accolée au manoir est attribuée au XIIe ou au XIIIe siècle selon les sources et constitue le seul vestige de l'édifice primitif. Les dépendances qui ferment la cour rectangulaire sur trois côtés ont été élevées aux XVIIe et XVIIIe siècles, et l'ensemble est ceint de murs d'enceinte portant des vestiges d'échauguettes. La façade principale du logis a été réaménagée au XIXe siècle pour ordonner les fenêtres, tandis que la façade côté jardin conserve des éléments d'origine, notamment une fenêtre de la Renaissance aux moulures prismatiques. Le bâtiment principal, long d'environ 28 mètres et large de 9 mètres, comporte deux étages et un toit à forte pente autrefois couvert de schiste bleu ; côté cour, une aile presque carrée au toit pyramidal est reliée par une tour octogonale servant d'escalier. Les communs, aveugles vers l'extérieur, comprennent une charetterie à trois arches soutenues par des colonnes de granit rose, et deux lucarnes sont ornées de frontons arrondis sculptés de grosses coquilles Saint-Jacques. La chapelle Sainte-Madeleine, mêlant des éléments romans, gothiques et de la Renaissance, est percée d'une belle fenêtre ogivale. À l'angle nord-est se dresse une tour circulaire qui pourrait être le vestige d'une enceinte antérieure. Selon la tradition, les vastes caves déboucheraient sur un tunnel conduisant au château de Saint-Pierre-Église. La seigneurie a successivement appartenu aux familles de Beaumont, de Pirou, puis aux Davy par mariage, avant de passer à la famille d'Avice ; sous Pierre Davy, la cour fut fermée par des bâtiments d'exploitation en 1643. La chapelle servit encore à des cérémonies au XVIIIe siècle mais fut saccagée par des gardes nationaux pendant la Révolution ; Jacques‑Marie d'Avice, seigneur de Fermanville, fut arrêté le 20 juillet 1794 et échappa à la guillotine. Au XXe siècle, l'autel baroque de la chapelle a été endommagé par des troupes en garnison pendant la Première Guerre mondiale, et le manoir a brièvement été aménagé en gîte vers la fin du siècle. Les façades et toitures du logis et des communs, y compris la charretterie, la tour de défense nord-est et la chapelle dans leur totalité, sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 31 octobre 2002.