Origine et histoire du Manoir de Bel-Air
Le manoir de Bel-Air se dresse sur la rive nord de l’Aber Ildut, à Brélès, dans le Finistère. Ensemble homogène des XVIe et XVIIe siècles, il conserve la plupart de ses bâtiments disposés en U autour d’une cour fermée et présente l’aspect d’une demeure fortifiée organisée en plan carré. Selon certaines traditions, le site serait celui du légendaire Castel-Mériadec, attribué à Conan Meriadec ; plus sûrement, un édifice antérieur apparaît au lieu-dit Kerengar en 1462, propriété d’Yvon de Kerengar. Le logis actuel a été élevé entre 1585 et 1599 par François de Kerangar, comme l’atteste la devise gravée au‑dessus de la porte principale : « Priez pour François de Kerengar qui m’a fait faire et Bel Air m’a nommé 1599 ». Le manoir est resté dans la famille Kerengar jusqu’en 1810, puis passa à la famille de Claisrambault, fut racheté au milieu du XIXe siècle par le baron Grivel, vice-amiral et sénateur, et entra en 1893 dans la famille de Taisne de Raymonval ; la légende évoque un séjour de Victor Hugo. Des travaux de restauration importants ont été entrepris depuis le début des années 2000, notamment sur l’aile nord et la cale.
Le logis, resté essentiellement intact, a conservé ses dispositions d’origine ainsi que des éléments défensifs et décoratifs : deux échauguettes sur la façade ouest et le dispositif d’un ancien pont-levis. L’aile nord, qui comprenait une chapelle, a été contrariée par une restauration malencontreuse, tandis que les deux ailes en retour d’équerre semblent avoir été ajoutées au XVIIe siècle. L’emplacement est stratégique : un quai et une cale offrent un accès direct de la mer aux caves du manoir, et le quai est défendu depuis le XIXe siècle par quatre canons. À l’intérieur, la grande salle conserve deux belles cheminées ouvragées et peintes ; une cheminée polychrome porte quatre visages sculptés en demi-relief entourés d’entrelacs, dont deux seraient ceux du roi Henri III et de Catherine de Médicis. Le domaine comprend encore un colombier circulaire classique du XVIIe siècle et un moulin en ruine.
Le manoir, comprenant le logis et les ailes en retour, les murs de clôture, le portail et le sol de la cour, le colombier, les cales et le pilier d’entrée de l’allée, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 9 septembre 1993.