Origine et histoire du Manoir de Bodel
Le manoir de Bodel, aussi appelé château de Bodel ou manoir Sainte‑Suzanne de Bodel, se dresse sur la commune de Caro (Morbihan), au lieu‑dit Bodel, à environ 2,7 km au sud‑sud‑est du bourg de Caro et 3 km au nord‑nord‑ouest de Ruffiac. L'édifice est construit en granite et schiste. Il se présente comme un corps de logis unique comprenant deux pièces égales par étage, chacune desservie côté sud par un escalier à vis logé dans une tour extérieure; l'une de ces tours sert d'entrée au rez‑de‑chaussée. L'extrémité supérieure de la tour sud‑est était aménagée en chambre circulaire, desservie par un escalier contenu dans une tourelle en encorbellement implantée dans l'angle de la tour. Les toitures sont en poivrière et l'intérieur conserve une grande salle haute sous charpente. Une petite chapelle privée dédiée à sainte Suzanne dépendait du manoir; des vestiges de cette chapelle subsistent au nord‑ouest et l'autel en a été remonté en 1958 à l'église de Ruffiac. Le site est mentionné dès 1300 et un premier bâtiment appartenant à la famille Bodel occupe le lieu dès le XIIIe siècle. Le logis actuel date des XIVe et XVIe siècles; il a été reconstruit vers 1450 pour Gilles du Houx et, en 1513, manoir, maison et métairie appartenaient à Françoys du Houx. Le manoir exerçait autrefois les droits de haute, moyenne et basse justices, matérialisés par une prison et des fourches patibulaires, et a été doté pendant les guerres de la Ligue d'un pavillon d'angle fortifié. Le bâtiment a perdu une aile en retour d'équerre au nord et un édifice prolongeant la façade au sud, visible sur le cadastre de 1829, a également disparu; le portail a été démonté au cours de la première moitié du XXe siècle. À proximité passe la voie romaine nommée Chaussée d'Ahès, reliant Angers à Carhaix; une stèle funéraire gauloise retrouvée près de cette voie a été déposée dans la cour. Le manoir a été restauré en 2013 par la consolidation de la tourelle sud. Il a appartenu successivement aux familles Bodel, de Mauléon (Jean de Mauléon en est propriétaire dans la première moitié du XVe siècle), de Houx (écuyers de la maison ducale) avant 1427, Théhillac au XVIe siècle, Botherel‑Quintin au XVIIe siècle, puis aux familles de Francheville, Collobel, Anger de Kernisan au XIXe siècle, Préaudeau, Gicquel, Texier et Briand au XXIe siècle. Les façades et les toitures du manoir sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 30 mars 1978.