Période
XVe siècle, 4e quart XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Manoir, chapelle, portail d'entrée, cour et douves (cad. E 160 à 162) : classement par arrêté du 10 septembre 1987 ; Ensemble du manoir et des communs, ainsi que le sol des parcelles correspondant à l'emprise de la propriété, à l'exclusion des parties précédemment classées (cad. E 160 à 164, 293 à 295, 297 à 303, 305, 309, 310, 312, 313, 315) : inscription par arrêté du 17 octobre 1994
Origine et histoire du Manoir de Boisorcant
Le manoir de Boisorcant, appelé aussi château du Bois Orcan, est une demeure médiévale située à Noyal‑sur‑Vilaine (Ille‑et‑Vilaine). L'ensemble, principalement édifié au XVe siècle en deux campagnes, est resté relativement homogène et n'a connu que peu de transformations par la suite. Il se compose de deux parties distinctes : la cour seigneuriale, entourée de douves de tracé polygonal et comprenant le logis, les écuries, une chapelle reconstruite au XVIIIe siècle et un puits ; et la basse‑cour, formée de deux alignements de bâtiments. Le premier alignement, en grande partie contemporain du logis, réunit un bâtiment agricole, un passage couvert, des maisons rurales et un pavillon en retour ; le second n'offre guère d'intérêt, sauf pour deux anciens logis mitoyens à l'est. Le manoir doit une partie de son caractère aux travaux entrepris vers 1490 par Julien Thierry, maître des monnaies de Bretagne et argentier du duc François II et d'Anne de Bretagne. Une reconstruction notable s'étend des années 1470 aux années 1520 sous Julien Thierry puis son fils Pierre. La seigneurie, liée au patronyme Orcant à l'origine, passa ensuite par alliances et successions, notamment aux familles du Pé, Thierry et d'Angennes, puis à divers propriétaires au XVIIIe siècle, dont Charles‑Antoine de Marguerie et la famille Le Prestre. En 1583 la seigneurie fut élevée au rang de châtellenie par Henri III et la résidence fut qualifiée de « château » en 1692. Le château fut pillé en 1589 par les Ligueurs du duc de Mercoeur ; Marguerite de Poigny, décédée en 1631, participa aux reconstructions qui suivirent, marquées notamment par la destruction de deux tours et l'agrandissement des écuries. Les successions se poursuivirent aux XVIIe et XVIIIe siècles avec des héritiers tels que Jean‑Jacques d'Angennes, marquis de Poigny et ambassadeur en Angleterre, puis plusieurs membres des familles Morais et d'Angennes jusqu'à l'entrée dans la famille Le Prestre. En 1765 la châtellenie comprenait cinquante‑deux fiefs relevant du roi et la haute justice s'exerçait sur quatorze paroisses environnantes ; le domaine possédait également un gibet près du château, trois moulins et de nombreuses métairies. Le manoir a fait l'objet d'une restauration complète dans les années 1990 par l'entreprise Joubrel, qui a notamment restitué la hauteur originelle des tours et des lucarnes. Les travaux ont permis de retrouver des enduits intérieurs à faux appareillage et d'autres éléments soignés, témoignant d'une restauration conduite avec souci de qualité. Le logis conserve des aménagements d'époque, dont trois suites de chambres pourvues de garde‑robes, latrines et pièces de bains, un plafond rare à décor d'orbevoies, plusieurs vantaux anciens et une collection de mobilier évoquant la vie d'un grand financier de la fin du Moyen Âge. Le parc accueille l'Athanor, centre d'exposition consacré au sculpteur Étienne‑Martin, créé avec l'artiste sur trois hectares ; le musée conserve des bois originaux et le parc expose ses sculptures monumentales. Étienne Martin a par ailleurs réalisé des œuvres pour les communs et redessiné le parc dans le cadre de la restauration entamée dès 1990. Le manoir est inscrit aux monuments historiques par arrêté du 7 octobre 1931 ; il a été classé, avec sa chapelle, ses douves et sa cour, par arrêté du 10 septembre 1987, et l'ensemble du domaine a été inscrit le 17 octobre 1994. Le bâtiment date du XVe siècle : il est représenté sur une cheminée peinte au XVIIe siècle, qui le montre dans son environnement de bois et d'avenues plantées, et une chapelle est établie dans la cour. Les sources anciennes signalent la présence d'une « maison neuve » vers 1400 et l'usage des termes « masure » ou « hébergement » à la fin du XIVe siècle, puis « salle » en 1458 et « manoir » dès les années 1460. Au temps de Julien Thierry, l'édifice comprenait deux tours à meurtrières, une tourelle, de grandes salles et des fossés ; un état de 1703 décrit également des défenses, un jeu de paume, une chapelle, des ponts‑levis et de vastes dépendances. Sur le cadastre de 1850, le site apparaît comme un vaste logis seigneurial entouré de chapelle, communs, cour et jardin protégés par des douves reliées à un lavoir, avec au‑delà la métairie et ses dépendances encerclées de grandes parcelles.