Manoir de Coadelan à Prat en Côtes-d'Armor

Patrimoine classé Demeure seigneuriale Manoir

Manoir de Coadelan

  • D33C
  • 22140 Prat
Manoir de Coadelan
Manoir de Coadelan
Manoir de Coadelan
Manoir de Coadelan
Manoir de Coadelan
Manoir de Coadelan
Crédit photo : Crepi22 - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Frise chronologique

Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1400
1500
1600
1700
1800
1900
2000
1365
Première mention de la famille Le Chevoir
XIVe siècle
Fondation du manoir
Fin du XVe siècle
Alliance avec la famille Le Rouge
1594-1595
Mariage avec Guy Éder
27 novembre 1602
Exécution de Guy Éder
1667
Changement de propriété
1927
Inscription aux monuments historiques
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Manoir de Coatelan (cad. ZK 20) : inscription par arrêté du 22 janvier 1927

Personnages clés

Merien Le Chevoir Membre de la famille Le Chevoir mentionné en 1365.
Rolland Le Chevoir Membre de la famille Le Chevoir qui a épousé Jeanne Le Rouge.
Jeanne Le Rouge Épouse de Rolland Le Chevoir, alliance visible sur les armoiries.
Guy Éder Chef d'une bande de ligueurs qui a enlevé et épousé la jeune héritière des Le Chevoir.
Marie Le Chevoir Jeune héritière des Le Chevoir, décédée à l'âge de 17 ans.
Vincent Le Chevoir Membre de la famille Le Chevoir qui a entrepris d'importants travaux vers 1660.
Jean du Bouillé-Turquant Propriétaire du manoir au XVIIIe siècle, responsable de sa restauration.
Gilles Ranou Architecte et entrepreneur qui a dirigé la restauration du manoir au XVIIIe siècle.
Henri Frotier de la Messelière A dessiné le manoir en 1929.

Origine et histoire du Manoir de Coadelan

Le manoir de Coatelan, situé sur la commune de Prat (Côtes-d'Armor), forme un ancien ensemble manorial mêlant résidence seigneuriale et exploitation agricole à moins de 2,1 km au nord-nord-est du bourg, à 78 m d'altitude. Le site, occupé dès le Néolithique comme l'atteste un menhir à l'entrée, se trouve à la jonction des terres arables et des prairies, près de deux sources et d'un petit affluent du Jaudy qui alimentaient l'étang et les viviers. L'accès principal se fait depuis l'ouest par le chemin de Prat à Mantallot, puis par une allée d'honneur longue de 250 mètres figurant comme "avenue" sur le cadastre de 1835. Le domaine se composait de cinq bâtiments : le logis principal orienté à l'ouest, une chapelle, un colombier et des espaces délimités formant cours, pourpris, jardins, vergers et prairies ; on relève encore des vestiges de l'entrée monumentale avec porte charretière et porte piétonne. Le toponyme apparaît sous différentes formes dans les documents anciens (Coadélan, Coatalay, Coëtelan) et plusieurs noms de parcelles du cadastre évoquent l'activité linière ; des bassins de rouissage ont été repérés le long des cours d'eau. La seigneurie et le manoir ont vraisemblablement été fondés au début du XIVe siècle par la famille Le Chevoir, dont les armoiries ornent toujours la bâtisse ; Merien Le Chevoir est mentionné en 1365. Vers 1500, Rolland Le Chevoir épouse Jeanne Le Rouge, alliance visible sur les armoiries de la cheminée de la grande salle, et participe au financement de la reconstruction de la chapelle Saint-Jean de Tréovazan. À la fin du XVIe siècle, Guy Éder, dit La Fontenelle, chef d'une bande de ligueurs, enlève la jeune héritière des Le Chevoir, la conduit sur l'île Tristan et l'épouse vers 1594-1595 ; le couple séjourne à plusieurs reprises au manoir et y procède à des travaux de restauration. Guy Éder est exécuté le 27 novembre 1602 à Paris et sa tête est envoyée à Rennes ; Marie Le Chevoir décède peu après à l'âge de 17 ans. Le manoir demeure dans la famille Le Chevoir jusqu'en 1667, date à laquelle la seigneurie passe par alliance aux du Bouillé ; la famille du Bouillé-Turquant le conserve jusqu'à la Révolution, puis il appartient successivement aux familles Le Corgne et Kergariou. Les parties les plus anciennes du bâti remontent au XIVe siècle : études architecturales et dendrochronologiques datent les poutres de chêne de la cuisine autour de 1305-1327, tandis que la partie sud du logis et la salle basse sont datées des années 1362-1390. Le logis mesure environ 35 mètres de longueur et est flanqué au nord et au sud de deux tours ; au rez-de-chaussée se succèdent, du nord au sud, la cuisine (dotée d'un passe-plat double), la salle basse et une chambre froide sur cave semi-enterrée, tandis qu'à l'étage se trouvent une chambre de service, la salle haute sous charpente apparente avec grande cheminée et crédence, et la grande chambre. La porte d'entrée, à l'ouest à l'extrémité de la salle basse, est encadrée par une tour d'escalier en vis hors-œuvre ; la façade orientale, tournée vers l'étang, comporte un second escalier en vis desservant tous les niveaux de la cave à la galerie. La tour nord, de plan carré et élevée sur trois niveaux, est la plus ancienne et pourrait remonter au XIIIe siècle. Deux galeries transversales en bois, de part et d'autre de la salle haute, desservaient les chambres latérales ; la galerie, chauffée par une cheminée, permettait aussi l'accès à une étuve ou "bain de vapeur" aménagée dans la tourelle d'angle sud, chauffée par un four et alimentée en eau depuis l'extérieur par un petit bassin. Selon Gwyn Meirion-Jones, la galerie se prolongeait vers l'extérieur en hourd ou "galerie d'agrément". Le manoir a évolué jusqu'au XVIIe siècle : vers 1660 la tour sud est construite et comprend au rez-de-chaussée une chapelle ; Vincent Le Chevoir entreprend d'importants travaux, insérant notamment un plafond dans la salle haute et procédant à des réparations de maçonnerie, tandis que la salle basse devient salle à manger et la salle haute salon. Restauré au XVIIIe siècle pour Jean du Bouillé-Turquant sous la direction de Gilles Ranou, architecte et entrepreneur, le domaine est ensuite exploité par un métayer ou un fermier. Le manoir de Coatelan a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 22 janvier 1927 ; il a été dessiné par Henri Frotier de la Messelière en 1929, partiellement incendié en 1988 (une partie de la charpente de la tour orientale a été détruite), puis restauré par la famille Riou avant d'appartenir à la famille Francès au début du XXIe siècle. L'édifice conserve des éléments défensifs (tourelle), une porte en accolade, des plafonds à poutrelles et des cheminées anciennes.

Liens externes