Origine et histoire du Manoir de Coupesarte
Le manoir de Coupesarte se dresse à Coupesarte, commune déléguée de Mézidon Vallée d'Auge, dans le Pays d'Auge, département du Calvados, entre Saint-Julien-le-Faucon et Le Mesnil-Durand, et entre Saint-Pierre-sur-Dives et Lisieux. Édifié sur l'emplacement d'une bâtisse fortifiée, il est daté des XVIe au XVIIIe siècle, tandis que des éléments plus anciens — fondations d'une tour d'angle découvertes à la fin des années 1970 et une lucarne trilobée réutilisée — renvoient à des aménagements médiévaux. Au XVe siècle la famille d'Anisy en était propriétaire avant qu'il ne passe ensuite à la famille Le Prévost; plus tard, le fabuliste Jacques Charles Formage (1749-1808) y est né et le manoir appartient à la famille Le Viconte en 1767. Transformé en ferme, l'ensemble conserve une ossature en pans de bois remarquable et une unité architecturale jugée exceptionnelle en Pays d'Auge. Il se compose de deux bâtiments en équerre posés sur un terre-plein entouré d'eau, flanqués de trois poivrières en encorbellement aux angles des façades extérieures. La partie principale se situe dans l'aile sud ; le rez-de-chaussée sud sert de cellier et garde des traces du colombage originel, tandis qu'une travée contenant l'escalier sépare le logis ancien de l'aile en retour. Le rez-de-chaussée présente un pan de bois vertical avec une allège à croisillons et des fenêtres irrégulières ; un hourdis de tuileaux et briques donne à la façade une teinte rosée. Deux tourelles, placées symétriquement aux angles nord-est et sud-est, servaient de latrines, et le colombage a été repris en quasi-totalité lors des restaurations. L'édifice conserve des décors peints d'une grande authenticité : la chambre à l'étage dite chambre de l'amour ou chambre de Cupidon présente un décor mythologique avec un Amour chevauchant un lion, une Junon accompagnée d'un paon et une Junon guerrière, ainsi qu'une représentation de jardin en trompe-l’œil; les lambris portent vases, couronnes, urnes et palmes sous des guirlandes, et les plafonds d'étage conservent poutres et solives peintes à motifs floraux. Le sol comporte des pavés de terre cuite vernissée attribués à des ateliers du Pré-d'Auge ou de Manerbe. L'édifice, qui a subi peu de remaniements hormis des percements de fenêtres et des aménagements intérieurs réalisés au XVIIe siècle, a été endommagé le 18 août 1944 lors de la bataille de Normandie : une bombe a atteint un angle, projetant l'escalier au grenier et détruisant les écuries. Les travaux de restauration effectués après-guerre ont valu au manoir, au début des années 1960, le prix Chefs-d'œuvre en péril. Au début du XXIe siècle l'état du bâtiment restait préoccupant : fissures au pignon de l'aile du XVIIe siècle, risque d'effondrement d'une échauguette du XVe siècle, problèmes de fondations et infiltrations ayant dégradé colombages et cheminées. Une convention a été signée entre les propriétaires réunis en société civile immobilière et la Fondation du patrimoine pour lancer un appel aux dons et réaliser les travaux dans un délai de cinq ans. Propriété privée, le manoir autorise les visites extérieures et, avec ses dépendances et ses douves, il est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 21 octobre 1947.