Origine et histoire du Manoir de Donville
Le manoir de Donville, situé à Méautis dans la Manche, occupe un site dans les marais à l'ouest de Carentan, à 2,4 km au nord-nord-est de l'église Saint-Hilaire. Il fait l'objet d'une inscription partielle au titre des monuments historiques par arrêté du 23 février 2011. L'édifice principal remonte à la fin du XVIIe siècle et a été reconstruit en 1778 ; la charretterie, à l'ouest de la cour, est de la même période, tandis qu'une dépendance sur le côté est de la cour date du XIXe siècle. Le manoir s'organise autour d'une cour quadrangulaire et présente une façade ordonnancée sur le jardin ainsi qu'une façade sur cour dotée d'un large massif central en pierre. La distribution intérieure se structure autour de la cage d'escalier centrale, dont les balustres sont en bois, et comprend des boudoirs et de petits salons remarquables. La construction associe une ossature en pierre et des murs en bauge, mélange de terre argileuse, d'eau et d'un liant. Sa charpente, en coque retournée d'un seul tenant et entièrement conservée, est en bois d'orme, datée de 1778 et attribuée à l'artisan Michel Lafontaine ; elle se distingue par la qualité et la section des ormes, par l'excellence des assemblages de ses fermes (poutre d'entrait, deux arbalétriers et deux aisseliers) et par l'usage peu habituel des jambettes. Les premières mentions du manoir et de sa chapelle remontent à 1079 et la seigneurie appartint à des familles influentes du Nord Cotentin, parmi lesquelles les de Méautis, Osbert et Gigault de Bellefonds. Le premier roturier connu pour posséder Donville fut Louis Gislot, un riche fermier originaire de Sainteny, qui acquit la propriété en 1770 et la transforma en demeure de plaisance lors des travaux de 1778. Du 12 au 17 juin 1944, le manoir abrita le quartier général provisoire de parachutistes allemands et de la 17e division SS Götz von Berlichingen ; les combats menés contre des parachutistes américains lors de la contre-attaque laissèrent des traces durables dans la mémoire locale sous le nom de Bloody Gulch. La propriété conserve des vestiges de ces affrontements : balles fichées dans la terre battue des murs et, dans le cimetière de la chapelle en face du manoir, les tombes de trois civils fusillés par les Allemands, dont Hubert Descamps ; douze tonnes de munitions furent retrouvées aux alentours après la guerre. Acquis en 1999 par Franck Feuardent et son épouse, le manoir, longtemps délaissé et proche de la ruine, a fait l'objet d'une restauration soignée s'appuyant sur une riche documentation et de nombreux inventaires après décès. Le domaine comprend également des jardins en terrasses. Propriété privée, le manoir de Donville est ouvert au public : deux visites sont proposées, l'une consacrée à l'histoire générale et aux intérieurs, l'autre à l'histoire du manoir pendant la guerre. Sont inscrits au titre des monuments historiques les façades et les toitures du logis ainsi que le décor de boiseries du vestibule d'entrée, ainsi que les façades et les toitures de la charretterie et de la grange situées de part et d'autre de la cour d'honneur.