Manoir de Douville à Mandeville-en-Bessin dans le Calvados

Patrimoine classé Demeure seigneuriale Manoir

Manoir de Douville

  • Le Bourg
  • 14710 Mandeville-en-Bessin
Crédit photo : Pimprenel - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIIe siècle

Patrimoine classé

Château de Douville : inscription par arrêté du 2 juillet 1927

Origine et histoire du Manoir de Douville

La ferme-manoir de Douville est une ancienne demeure fortifiée située sur la commune de Mandeville-en-Bessin (ancienne commune de Tessy) dans le Calvados ; l'édifice est inscrit au titre des monuments historiques. Le manoir se dresse à environ 52 mètres d'altitude, à deux kilomètres à l'est-nord-est de l'église Notre-Dame de Mandeville-en-Bessin, sur les plateaux crayeux et calcaires du Bessin, à proximité de la départementale 29 entre Mosles et Trévières et à six kilomètres du littoral. Le domaine, organisé en carré défensif fermé autour d'une grande cour, réunit sans discontinuité le logis seigneurial et les bâtiments agricoles. L'habitation principale a été construite en grande partie au XVIIe siècle, mais la tour carrée et certaines caves sont plus anciennes et témoignent d'une origine médiévale. Les terres appartenaient anciennement au domaine des Lièvres et furent liées à la famille Hélyes avant de devenir, par alliance, le manoir de Douville lorsque Guillaume Desson entra en possession du domaine à la suite du mariage avec Marie Madeleine Hélyes. À cette époque le nouveau logis fut édifié et l'ancien bâtiment, adjacent, fut loué au fermier exploitant les terres. Le domaine passa ensuite à Léonord-Charles Radulph qui l'acquit en 1763 ; l'acte notarial mentionne maisons, terres, bois, fiefs, rentes et la complexité des obligations féodales attachées aux mutations et aux tenures. Radulph ne résida pas en permanence au manoir ; il mourut à la fin de la période révolutionnaire et le domaine échoit à sa fille, mariée au baron Hue de Mathan, dont la famille conserva la propriété jusqu'en 1920. Exploité par des fermiers, le manoir vit au XIXe siècle une réduction progressive du nombre d'ouvriers ; il passa ensuite en indivision puis fut vendu en 1920 à une famille d'agriculteurs qui maintint l'élevage laitier et porcin jusqu'en 1995, date à laquelle les bâtiments revinrent à un héritier. L'ensemble se compose de deux logis en L, le « vieux logis » et le logis du levant, coiffés de hauts toits en ardoise et bâtis en pierre calcaire, moellons et pierres de taille autour des ouvertures. Le portail monumental du XVIIe siècle donne directement sur la voie rurale ; il associe une porte piétonnière et une porte charretière aux arcs en anse de panier, claveaux saillants, clef biseautée et pilastres supportant des frontons brisés à volutes. Le vieux logis, vraisemblablement élevé à la fin du XVIe ou au tout début du XVIIe siècle, communique avec la tour qui présente une petite échauguette et un mâchicoulis ; plusieurs caves voûtées et un puits y sont aménagés. À l'intérieur, la distribution conserve des pièces de service (laiterie, buanderie, cuisine) séparées de la grande salle par un escalier droit en pierre percé de trous de tir, et des chambres en étage sous combles. Le logis du levant, de style Louis XIII et bâti dans la première moitié du XVIIe siècle, s'élève sur trois niveaux au-dessus de grandes caves ventilées ; il est flanqué de deux échauguettes en encorbellement et présente lucarnes à frontons plein-cintre, grandes cheminées et pavages intérieurs du XVIIe siècle. Les bâtiments agricoles complètent le quadrilatère : remises pour voitures, écuries, sellerie, bergeries, poulaillers, clapier, granges, pressoir et greniers, ainsi qu'une petite tour abritant un pigeonnier d'environ 250 boulins qui servait aussi de poste d'observation. Plusieurs bergeries et granges furent transformées en étables et salle de traite au XXe siècle pour intensifier l'élevage laitier ; des burets — certains en ruines depuis 1944 — servent à nourrir les porcs avec le petit-lait. Au nord du carré se trouvent les ruines de l'ancienne boulangerie avec son four et, dans l'enceinte, un étang d'abreuvement pour le bétail ; une charretterie datée de 1920 fait face au portail de l'autre côté de la voie. L'ensemble évoque à la fois la vie seigneuriale de l'Ancien Régime et le travail agricole qui a structuré le domaine jusqu'au XXe siècle. Le château de Douville est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 2 juillet 1927.

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