Origine et histoire du Manoir de Fontenelle
Le manoir de Fontenelle est situé à Laigné (Mayenne), à 1 500 m au sud du bourg ; il est inscrit au titre des Monuments historiques depuis le 3 juillet 1964. Sur la carte de Cassini, le site apparaît sous le nom de Fontenel, désigné comme château et chapelle. La terre formait un fief mouvant de Laigné. Pendant la Révolution, des républicains s'y réfugièrent à l'issue du combat du 28 août 1799 ; Guideau, dit la Décampe, ex-chouan, porta au commandant de Château-Gontier un avis cousu dans son chapeau pour demander du secours. Une partie du manoir, reconnaissable à une tour d'angle en façade et à une porte en plein cintre encadrée de deux fenêtres géminées du même style, date du XVIe siècle. Un pavillon plus récent présente une porte flanquée de deux colonnes d'ordre grec supportant un fronton abritant un écusson mutilé. Au premier étage, la chambre possède un trumeau de cheminée orné de moulures et de feuillages finement sculptés entourant le buste d'un personnage coiffé d'une perruque à la mode de Louis XIV. La cour était autrefois entourée de douves sur lesquelles était jeté un pont flanqué de deux pavillons. La chapelle, longue de 9 mètres, a été restaurée à la fin du XIXe siècle, comme en témoignent ses ouvertures ogivales. Elle était liée à une maison au bourg et a eu pour titulaires, notamment, Jean Bigotière et Jean-Baptiste Bigot, ancien vicaire d'Athée. Un ex-voto lui est attribué à Auguste Alleaume. La verrière, commandée par Alexandre Lefas d'Ille-et-Vilaine pour la chapelle et réalisée en 1901, en fait partie. Les seigneurs connus de Fontenelle apparaissent dès 1289 avec Guyon de Fontenelle qui conclut un accord avec Alain d'Ingrandes, puis Jeanne Laillière en 1451. Jean Guibert, mari de Marguerite Fortuné, est cité en 1519 ; un Jean Guibert apparaît encore en 1556. Dès lors, ses descendants prirent le nom de la terre et René de Fontenelle est nommé en 1571. Renée de la Corbière, veuve d'un de Fontenelle, est mentionnée en 1607. René de Fontenelle, écuyer, est attesté en 1619 et 1643 ; Philippe Jouet, son épouse, est désignée comme veuve en 1649. Un autre René de Fontenelle, chevalier et seigneur de Souvigné et Saucogné, mari de Madeleine de la Grandière, est maintenu en 1666 et décédé avant 1678. Charles de Fontenelle, qui eut de nombreux enfants de Marie Goureau, est mentionné en 1677 et 1692 ; son successeur unique fut Charles-Guillaume de la Corbière. Charles-Guillaume avait épousé dans la chapelle seigneuriale Madeleine de Fontenelle le 7 janvier 1709 ; celle-ci testa à Angers le 23 mars 1750 et mourut l'année suivante, instituant une fondation pour l'entretien de la lampe du sanctuaire de Laigné pendant six ans. André Daudier, marchand et fermier général, fils d'André Daudier et d'Anne Gourdon, épousa Anne Gourdon dans la chapelle en 1749. Louise-Renée-Ursule de la Corbière est dame de Fontenelle en 1789 ; Louise-Rose de la Corbière, décédée à Angers, légua sa part à Perrine-Madeleine, sa sœur, et à ses nièces Françoise-Madeleine Le Bel et Julie Le Bel-Jaillère, émigrée. Selon Pierre Bodard de la Jacopière, la famille Fléchay conserva ensuite le domaine aux descendants des anciens propriétaires.