Manoir de Graffard à Barneville-Carteret dans la Manche

Patrimoine classé Demeure seigneuriale Manoir

Manoir de Graffard

  • 1 Graffard
  • 50270 Barneville-Carteret
Manoir de Graffard
Manoir de Graffard
Manoir de Graffard
Crédit photo : MathildeEtGeorges - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

2e moitié XVIe siècle

Patrimoine classé

Logis, y compris la partie ruinée avec les caves voûtées d'arêtes et la porte rustique, et les éléments décoratifs dispersés dans la cour ; façades et toitures des communs, y compris les murailles de clôture, les tourelles et le porche (cf plan annexé à l'arrêté) ; potager et ses murs de clôture (cad. ZB 8, 9) : inscription par arrêté du 16 juin 1995

Origine et histoire du Manoir de Graffard

Le manoir de Graffard, aussi écrit Graffart, est une demeure du XVIe siècle, partiellement inscrite au titre des monuments historiques. Il se situe au lieu-dit Graffard, à flanc de coteau et en bordure de l'ancien grand chemin de Barneville à Bricquebec, à un kilomètre au nord-est de l'église Saint-Germain de Barneville-sur-Mer ; le fort de Graffard surplombait autrefois le havre de Carteret et pouvait contrôler les liaisons avec Jersey. La construction du logis seigneurial, datée par inscription de 1574-1575, est liée aux guerres de Religion ; le corps de logis principal a été partiellement ruiné au XIXe siècle. Le potager qui entoure la demeure a été aménagé au XVIIIe siècle.

Le fief de Graffard est connu dès la fin du XIIe siècle avec Geoffroy de Graffart ; au XIVe siècle la maison forte, par sa position, eut un rôle stratégique pendant la guerre de Cent Ans et connut une occupation anglaise au milieu du siècle. La famille Lefebvre de Graffart posséda le fief du XIVe au début du XVIe siècle ; la terre passa ensuite, par contrat du 24 avril 1544, à Jacques Pitteboult. C'est probablement son fils Pierre Pitteboult qui fit édifier le logis vers 1574-1575. La seigneurie resta dans la famille Pitteboult, puis passa par mariages et successions aux familles Rossignol, Hennot du Rosel et Bignon, avant d'être successivement gérée et habitée par divers officiers et notables ; après des aléas révolutionnaires et des confiscations, la propriété revint aux héritiers et finit par appartenir, au XIXe et au début du XXe siècle, aux Desfriches, comte Doria, qui vendirent Graffard en 1920.

Du Moyen Âge subsistent principalement des éléments de l'enceinte extérieure, qui présente une forme carrée d'environ 65 mètres de côté. L'accès à la cour se fait par un porche double, charretière et piétonne, en arc en plein cintre, flanqué à gauche d'une tourelle défensive percée de trous à fusil ; cette tourelle a perdu une partie de son élévation et sa toiture en poivrière, sa partie haute servant autrefois de colombier. À droite du porche apparaissent les restes d'une grosse tour circulaire, qui devait abriter le grand colombier, et, en angle sud-est, une tourelle en poivrière accessible depuis le premier étage de la charreterie. Les bâtiments qui encadrent l'entrée correspondent aux communs : à gauche une vaste grange avec aire à battre et une porte en anse de panier aujourd'hui obturée, à droite un bâtiment à un étage comprenant le cellier, la charreterie aux quatre grandes arcades reposant sur des piliers carrés à larmier, et l'écurie dotée d'une porte haute ; la date de 1663 associée à François Pittebout et Charlotte Thomas est gravée sur ce bâtiment. Le reste de la cour est ceint de hautes murailles, avec une tourelle conservée à l'angle nord-est tandis que la tourelle côté sud a disparu.

Le logis, édifié pendant les guerres de Religion et appuyé sur un côté de l'enceinte face à l'entrée, est partiellement ruiné et n'a conservé qu'un pavillon sur quatre ; il repose en partie sur des caves voûtées d'arêtes dont les arcs retombent sur des piliers carrés, comparables à ceux du manoir de Saint-Christophe-du-Foc. La façade principale côté cour, ornée de frontons triangulaires et de pilastres et influencée par l'architecture de Serlio, présente des reprises de maçonnerie à droite et des parties en ruine à gauche ; l'escalier à rampe sur rampe a été inséré dans la travée centrale en remplacement de la traditionnelle tour d'escalier hors œuvre. Le manoir possédait autrefois une chapelle seigneuriale dédiée à saint Michel, encore utilisée en 1740.

Sur l'ancien puits, face au logis, a été placé un bloc de calcaire sculpté, daté de 1744 et portant les armes de la famille Pitteboult : d'argent au chevron de gueules chargé de trois (alias six) sautoirs d'argent et accompagné de trois roses de gueules, deux et un. Dans la cour gît un vieux canon brisé de la première moitié du XVIe siècle, orné sur le méplat supérieur d'un faible relief représentant la salamandre, emblème de François Ier ; ce tube octogonal en fonte, décrit comme une « couleuvrine bastarde », tirait des boulets de 7 livres 1⁄4 et son fonctionnement nécessitait un équipage et des moyens de trait importants, selon les indications figurant sur le monument.

Le logis, y compris la partie ruinée avec les caves voûtées d'arêtes, la porte rustique et les éléments décoratifs dispersés dans la cour, ainsi que les façades et toitures des communs, les murailles de clôture, les tourelles, le porche, et le potager avec ses murs de clôture, ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 16 juin 1995.

Liens externes