Origine et histoire du Manoir de Kerandraou
Le manoir de Kerandraou, dit aussi de la Villebasse, est une ancienne maison noble située sur la commune de Troguéry, près de Tréguier, dans les Côtes-d'Armor. Il se présente sous la forme d’un logis-porche rectangulaire, haut d’un étage sur rez-de-chaussée, percé d’une porte charretière et d’une porte piétonne, la façade sud‑ouest étant flanquée d’une tour cylindrique hors-œuvre renfermant un escalier en pierre à vis. Au‑dessus du porche, au premier étage, se trouve une chapelle domestique qui communique directement avec la chambre seigneuriale; au rez‑de‑chaussée se situent la cuisine et une autre salle séparées par le passage couvert. L’appartement seigneurial comprend une salle haute et une garde-robe équipée de latrines, la chambre seigneuriale étant également pourvue de latrines. Un colombier s’élève au sud‑est du manoir. Le logis‑porte s’inscrivait dans un ensemble manorial comprenant une aile sud, avec une salle datée du XIVe ou du XVe siècle et une ancienne salle plus ancienne éventuellement du XIIe ou XIIIe siècle, une aile ouest livrant les vestiges d’une grande salle sous charpente et d’appartements latéraux, et une aile nord qui abritait autrefois les écuries. Le logis‑porte est attribué à la fin du XIVe siècle, vers 1390, et serait l’œuvre d’Henri‑Philippes de Coëtgoureden, conseiller et ambassadeur du duc Jean IV de Bretagne; une analyse dendrochronologique sur un élément de charpente de la tour d’escalier situe la construction entre 1375 et 1400. Un premier manoir est cité dès l’enquête du procès de canonisation de saint Yves (1330), édifié par Typhaine de Pestivien, et des recherches généalogiques établissent une filiation entre Typhaine et Henri‑Philippes. Les armoiries sculptées au‑dessus du portail ont disparu; elles étaient accostées d’un lion à tête de cygne et d’un griffon à tête de crapaud, tous deux coiffés d’un heaume. Deux petits blasons subsistent à la base des piédroits de la cheminée de la salle de guet, l’un aux armes des Coëtgoureden (de gueules à la croix endentée d’argent), l’autre aux armes des Coëtfrec (d’argent à la fasce de gueules), l’héritière des Coëtfrec ayant épousé Henri‑Philippes. Établi près de la rivière maritime du Jaudy et sur la voie de pèlerinage vers Tréguier, le logis‑porte était conçu pour recevoir des pèlerins prestigieux, notamment les ducs de Bretagne attachés à la dévotion à saint Yves. Le colombier serait antérieur au XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, le manoir appartenait à la famille de Cornulier. Le manoir et son colombier sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 16 octobre 2003. Une vue d’ensemble figure en état de restauration.
