Origine et histoire du Manoir de Kergal
Le manoir de Kergal est situé au hameau de Kergal, à Brandivy (Morbihan). Il se trouve à environ 1,6 km au nord du bourg. Siège de la seigneurie de Kergal, il a été édifié d'ouest en est et résulte de deux campagnes de travaux menées vers 1518-1520 puis vers 1550, attribuées aux frères Jean et Pierre Daniélo. La partie la plus ancienne se situe à l'ouest. Elle s'ouvre sur la cour par une porte en anse de panier, présente des fenêtres rectangulaires autrefois à croisillons et conserve une lucarne à gâble sculptée d'un personnage et amortie par deux animaux. Une autre lucarne similaire, plus à l'ouest, a disparu au début du XXe siècle ; l'une des deux lucarnes détruites existait encore en 1890. Une tourelle d'escalier s'appuie contre la façade arrière de ce corps ouest. À l'intérieur se remarquent quelques cheminées en pierre et des consoles gothiques. La partie est, construite pour Pierre Daniélo avant 1557, conserve une lucarne à fronton circulaire ornée d'une coquille Saint-Jacques, une baie plein cintre encadrée de pilastres et une tour d'escalier hexagonale ; d'autres éléments, dont une tour d'escalier et une chapelle, ont été détruits. Une porte ornée de pilastres ouvre la tour hexagonale sur la cour, et les baies du premier étage, s'appuyant sur une corniche, sont elles aussi encadrées de pilastres. Le logis principal forme un corps de bâtiments accolés sur trois niveaux, doublé à l'arrière par une succession de pièces en appentis. Une lucarne ouest portait un blason non identifié ; le manoir porte par ailleurs les armes associées au doyenné de Péaule, attribuées aux Daniélo. Les archives mentionnent Kergal dès 1444 dans un échange familial des Daniélo et en 1470 dans un aveu du comté de Largoët au nom de Jean Daniélo. Jean Daniélo, chanoine et archidiacre de Vannes, et son frère Pierre, qui lui succéda dans plusieurs charges ecclésiastiques, sont liés à la construction et à l'ornementation du manoir. Des erreurs d'attribution anciennes ont confondu les Kergal de Brandivy avec d'autres lieux homonymes ; la maison de Lantivy ne devient seigneur de Kergal en Brandivy qu'à partir de 1634, par le mariage de Jacquette Le Crossec avec Mathieu de Lantivy. La seigneurie passa ensuite aux Lantivy, puis par mariage à la famille du Vergier du Poüe en 1707, avant de revenir à la famille Le Flo de Trémelo à la veille de la Révolution. La seigneurie s'étendait sur plus de 100 hectares répartis entre plusieurs villages et tenues, comportait quatre métairies et conférait divers droits seigneuriaux : colombier, pêcheries dans la rivière d'Auray, droit de banc, autel prohibitif dans l'église tréviale de Brandivy, droits de fondateur à la chapelle du Saint-Sacrement de Vannes et prélèvements sur les foires de Grand-Champ. À partir des années 1660-1670, les seigneurs revendiquèrent un droit de moulin, contesté devant la justice par Jean Le Cleguennec, seigneur du Guern. Selon la tradition, le passage des Chouans dans les environs entraîna l'enlèvement de la couverture en plomb de la tour arrière pour fabriquer des balles. Par mariage, le manoir passa à la famille Le Pourceau de Mondoret, puis en 1841, par l'union de Marie Thérèse Charlotte Le Pourceau de Mondoret avec Alcide Rado du Matz ; pendant tout le XIXe siècle, les propriétaires n'y résidèrent pas et la "ferme du château de Kergal" fut affermée à des familles d'agriculteurs. En 1892, Marie Marguerite Le Méro et Louis Marie Le Gloanic achetèrent le manoir à Alcide Jean Baptiste Rado du Matz ; la famille Le Gloanic résida au manoir jusqu'à sa vente en 2010 aux propriétaires actuels. Le manoir s'organise autour d'une cour orientée au sud, où subsistent les vestiges d'un four à pain, quelques communs et dépendances. Il est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 12 mai 1925.