Origine et histoire
Le manoir de l'Hermerel est une ancienne demeure fortifiée située à Géfosse-Fontenay, dans le Bessin, dans le nord-ouest du Calvados, en Normandie. Implanté à environ un kilomètre au nord-est de l'église Saint-Pierre, il fut le centre de la seigneurie éponyme et est partiellement inscrit au titre des monuments historiques. Le site a été fortifié dès le Ve siècle par un Saxon nommé Guervald, sur le Litus Saxonicum, afin de verrouiller l'accès à la baie. Le premier château médiéval fut détruit pendant la guerre de Cent Ans par les Anglais débarqués au Havre de la Dune, un port naturel aujourd'hui comblé où, en 1346, la flotte d'Édouard III fit relâche. L'imposante ferme-manoir actuelle, élevée au XVe siècle et remaniée au XVIIe siècle, comprend une partie la plus récente datée de 1676, construite sur l'emplacement du château médiéval. La ferme fortifiée et ses bâtiments de service se développent autour d'une cour rectangulaire close, accessible par un portail en moellons de calcaire comprenant une porte charretière et une porte piétonne voûtées en arcs surbaissés, encadrées de contreforts et flanquées d'une petite tour polygonale qui servait de bretèche. Deux corps de logis en pierre calcaire et ardoise témoignent des remaniements ; le logis principal classique, daté de 1676, est flanqué de deux pavillons et relie les vestiges de l'ancien château à la chapelle privée restaurée. La porte principale est surmontée d'un tympan simple ; à l'étage se trouvent une grande salle avec cheminée et la cuisine, et le toit est percé de quatre hautes cheminées moulurées, dont deux alignées sur les pignons des pavillons. Les bâtiments agricoles, dont une grange dotée d'un escalier extérieur, sont disposés autour du logis, et un colombier cylindrique en calcaire et ardoise, comportant 600 boulins, se dresse au centre de la cour. À proximité subsiste une petite chapelle du début du XVIe siècle, de style gothique et Renaissance, comportant une nef et un chœur soutenus par des contreforts autrefois sommés de pinacles aujourd'hui tronqués ; les croisées d'ogives reposent sur des culots sculptés représentant des personnages ou des animaux, dont un joueur de cornemuse, et l'intérieur conserve deux bas-reliefs de la Renaissance. L'étude du décor a montré que cette chapelle, souvent comparée à celle du château de Jucoville, lui est en réalité postérieure, motif confirmé notamment par la représentation d'un Amérindien sur un culot et par la diffusion de motifs de candélabres au début du XVIe siècle. Transformée en laiterie à la fin du XIXe siècle, la chapelle a retrouvé son aspect d'origine lors d'une restauration en 1988. Le porche d'entrée, les façades et toitures, la chapelle et le colombier sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du 3 juillet 1975.