Origine et histoire du Manoir de la Baronnais
Le manoir de la Baronnais, construit en granit en 1647, se trouve à l'entrée de Dinard, au 15 boulevard de la Libération, dans le département d'Ille‑et‑Vilaine. De style qualifié de Renaissance bretonne, il présente sur sa façade sud des grilles en fer forgé ornées de croix et de fleurs de lys. Le bâti est surmonté de grands toits et de cheminées monumentales caractéristiques de l'époque Louis XIII. L'ensemble des pièces a conservé presque intégralement sa construction d'origine ; on y trouve de grandes cheminées et, pour le salon et la salle à manger, des murs garnis de boiseries. Le rez‑de‑chaussée comprend une vaste entrée, trois grandes pièces et une cuisine au sol en pierres de Saint‑Cast, dotée d'une cheminée monumentale en granit. L'entrée donne accès à un escalier dont les marches en granit desservent les deux étages. La salle à manger et le salon possèdent deux cheminées d'époque en marbre. Le manoir est entouré d'un grand jardin à la française divisé en trois terrasses. Une grille en fer forgé à deux vantaux sépare une première cour d'entrée d'un parc qui s'ouvre sur la façade est. Le parc comporte deux puits très profonds, dont l'un est adossé à un escalier qui mène à une longue terrasse, accessible aussi par un grand escalier à l'autre extrémité. Des arbres fruitiers et des rosiers longent le mur de granit des terrasses ; des buis taillés, des cèdres bleus et des massifs de fleurs ponctuent le parc et rappellent le caractère du jardin à la française. Le seigneur de Dinard‑Saint‑Enogat détenait autrefois sur ces terres le droit féodal du passage de Dinard à Saint‑Malo ainsi que la haute, moyenne et basse justice. En 1757, à la mort de messire René Arthur Ladvocat de la Baronnais, les titres et les propriétés héritèrent à un cousin, François‑Claude Colas de la Barre, qui prit le titre de seigneur de la Baronnais ; le manoir porte depuis ce nom. Son fils François‑Pierre épousa René de Kergu et vingt enfants naquirent de ce mariage ; la Révolution surprit cette famille et, selon Chateaubriand, "la révolution a fauché avant la maturité cette riche moisson du père de famille". François‑Pierre ouvrit ses portes aux personnes traquées par l'armée des Bleus et leur permit, malgré de nombreux dangers, de s'embarquer pour Jersey ou l'Angleterre. Une tradition orale rapporte l'existence d'un tunnel reliant trois cachettes à la plage ; le courrier clandestin était déposé dans cette "maison de confiance" puis dissimulé sous une pierre plate ou dans les ruines d'un ancien moulin, aujourd'hui la villa Nahant. L'une des plus jeunes filles du seigneur, Renée‑Rose, échappa miraculeusement à la noyade de Nantes, rentra à pied à la maison paternelle et épousa un descendant de la famille Gouyon Matignon ; un prêtre bénit ce mariage clandestinement dans la salle à manger. Le manoir passa ensuite aux descendants Gouyon Matignon puis aux de Varieux, dont une fille épousa le fils aîné du général de Sonis, Louis‑Gaston de Sonis, qui le posséda jusqu'en 1925. De 1925 à 1937 Mme Sassoon en fut propriétaire, puis elle le revendit en 1937 à Mme Vandesmet. Des descendants en ligne directe ou collatérale occupèrent le manoir de 1647 à 1925. René Drouin, industriel parisien, et son épouse acquirent la propriété le 9 juillet 1955 ; elle est actuellement occupée par leurs filles Anne‑Marie et Monique Drouin. Le monument est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 28 juin 1972 ; sont protégés la salle à manger, le salon, une chambre et le décor intérieur.