Origine et histoire du Manoir de la Belle Jonchère
Le manoir de la Belle Jonchère est situé à Veigné (Indre-et-Loire), sur le rebord ouest de la vallée du ruisseau de Taffonneau, dans la partie sud de la commune. Ancien fief relevant du château d'Esvres, le site est occupé dès l'époque antique, comme l'attestent des tessons de poteries gallo-romaines. Il apparaît dans les sources en 1070 sous le nom de « Grande Jonchère » et prend sa dénomination actuelle au XVIIe siècle. Le logis principal est bâti vers le milieu du XVIe siècle ; d'autres bâtiments sont ajoutés vers 1670, fermant la cour d'honneur. Le domaine a connu plusieurs propriétaires successifs, parmi lesquels Guillaume de Maillé (1448), Galiot Mandat, échevin de Tours (1561), Marie Brodeau (1576), Nicolas Lefebvre, maire de Tours (1668), Alexandre Lefebvre de La Faluère, trésorier de France (1692), Dominique Ducasse (1732), Pierre Lawernhes, contrôleur des guerres (1750), Françoise Ducasse, veuve de René‑Louis de La Barre (1774), Marie‑Louise Ducasse, veuve de Pierre Lawernhes (1787), et, plus tard, les frères Emmanuel et Jacques Drake del Castillo, acquéreurs en 1875. Le bien est resté dans la famille Drake del Castillo jusqu'en 1925. Longtemps exploitée comme ferme dépendant du domaine de la Guéritaulde, dont l'ancien château, démoli, a probablement servi de modèle pour la Belle Jonchère, la maison n'est devenue résidence indépendante et habitée qu'à la fin du XXe siècle, moment où d'importants travaux de restauration ont été entrepris. Le manoir est composé de deux bâtiments d'habitation perpendiculaires qui limitent à l'est et au sud une vaste cour. Les façades extérieures orientales et méridionales sont flanquées de tours cylindriques ; l'aile sud débouche à l'ouest sur un ancien colombier, au-delà duquel se développent des communs apparemment datés du XVIIe siècle. Deux petits pavillons rectangulaires encadrent l'entrée de la cour. Le logis principal comprend deux ailes en équerre, ne comportant qu'un rez-de-chaussée et un comble ; les fenêtres du comble conservent leurs meneaux, celles du rez-de-chaussée les ont perdus. La porte principale, au milieu de l'aile est, s'ouvre par un perron sur la vallée du ruisseau de Taffonneau. La plus grosse des tours, qualifiée de « trente-trois pieds de diamètre » dans un document de 1776, est un ancien pigeonnier qui comptait à l'origine 1 600 boulins ; son premier étage a été aménagé au XIXe siècle en chapelle et la tour a ensuite été surélevée. Fermant la cour d'honneur, un pavillon de garde construit vers 1670 est doté d'un comble à la Mansart. Plusieurs éléments architecturaux du manoir et de ses dépendances font l'objet d'une inscription partielle au titre des monuments historiques depuis le 29 juin 1950.