Origine et histoire du Manoir de la Coquerie
Le manoir de la Coquerie est une ancienne demeure fortifiée, probablement du XVe siècle et remaniée aux XVIe et XVIIe siècles, située sur le territoire de l'ancienne commune de Querqueville, aujourd'hui intégrée à Cherbourg-en-Cotentin, dans la Manche. Propriété municipale, il se trouve à environ 600 mètres au sud de l'église Notre‑Dame de Querqueville et à 300 mètres à l'ouest du château‑mairie. Son nom semble dériver de Robert III le Coq, cité en 1502, et vers 1601 apparaît un certain David Le Chibellier, sieur de la Cocquerie ; Françoise Lamotte a proposé que le manoir dépendait du fief et du château de Querqueville. Il est également possible que l'édifice remplace un bâtiment antérieur endommagé lors d'un débarquement de troupes anglaises à Landemer en 1522. Mentionné sur la carte de Cassini, le manoir présente l'aspect d'une grosse ferme carrée organisée autour d'une cour rectangulaire fermée. Les bâtiments sont construits en schiste et grès du pays, avec des encadrements en calcaire, et comportent également des moellons de granit. Le logis principal, flanqué au nord et au sud de deux communs et fermé à l'est par une chapelle et un porche, conserve un caractère défensif avec les traces d'une ancienne tour. Le logis a été remanié mais a gardé des fenêtres à meneaux, une porte ornée d'un fronton et d'un blason, ainsi qu'une grande salle au pavage de grosses pierres irrégulières dont le plafond paraît avoir été refait au XVIIIe siècle. Au début du XVIIe siècle ont été installées des cheminées de style Louis XIII, et deux autres cheminées paraissent remonter au XVe siècle. L'accès à la cour se fait côté nord‑est par un haut portail en plein cintre, couronné d'un boudin et surmonté d'un attique portant une pierre armoriée martelée, ainsi que par une porte piétonne rectangulaire encadrée de gros blocs de granit ; ces deux accès sont séparés par l'arrière de la chapelle. Deux piliers en moellons, à base taillée mais sans chapiteau, encadrent un arc de décharge et témoignent des remaniements successifs. Une puissante tour cylindrique découronnée, percée d'une meurtrière, occupe l'angle est du manoir. La maison manable, au fond de la cour, présente un escalier extérieur central donnant accès à une porte de style Renaissance surmontée d'un fronton triangulaire sommé d'une boule et encadrée de pilastres toscans ; les portes ont des linteaux droits ou cintrés et le logis s'éclaire par de nombreux meneaux, souvent droits. La chapelle, accolée à l'enceinte, est étayée sur sa face sud‑est par deux puissants contreforts qui encadrent une porte Renaissance en pierre calcaire, nettement distincte du mur en pierres plates de grès ; l'ouverture cintrée est surmontée d'un entablement sobre et d'un fronton triangulaire, bordée de pilastres à colonnes plates cannelées avec chapiteaux corinthiens, et le pignon, coiffé d'un petit clocheton pointu, est percé d'une fenêtre cintrée. Les communs, dont les toitures ont été refaites, conservent l'ancienne charterie à triples arcades et ont été aménagés en salle de réunion ; un puits extérieur est également préservé. Les façades et toitures du manoir, des communs et de la chapelle, le porche d'entrée et les quatre cheminées sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 18 avril 1973, la demeure étant par ailleurs partiellement inscrite.