Manoir de la Cour à Saint-Martin-le-Hébert dans la Manche

Patrimoine classé Demeure seigneuriale Manoir

Manoir de la Cour à Saint-Martin-le-Hébert

  • Cour de Saint-Martin
  • 50260 Saint-Martin-le-Hébert
Manoir de la Cour à Saint-Martin-le-Hébert
Manoir de la Cour à Saint-Martin-le-Hébert
Crédit photo : Xfigpower - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

1ère moitié XVIIe siècle

Patrimoine classé

Les façades et toitures de l'ensemble des bâtiments : classement par arrêté du 6 septembre 1954 - Les intérieurs de l'ensemble des bâtiments et leurs décors, en totalité ; la cour d'honneur ; les douves et les ponts reliant le logis au jardin ; le jardin en terrasses avec ses murs de soutènement, ses murs de clôture et ses escaliers ; les herbages situés autour des douves ; les avenues d'accès (cad. A 108, lieudit l'Avenue, 109, lieudit les Molets, 110, lieudit la Douve, 112, lieudit le Parterre, 111, 113 à 115, 123, lieudit Cour de Saint-Martin, 124, lieudit le Jardin de la Fontaine) : inscription par arrêté du 30 avril 1993

Origine et histoire du Manoir de la Cour

Le manoir dit La Cour, situé dans la commune nouvelle de Bricquebec-en-Cotentin, est considéré comme l'un des ensembles les plus prestigieux du département de la Manche. Il se trouve à environ 200 mètres à l'est de l'église Saint-Martin de Saint-Martin-le-Hébert. Ses origines remontent à une demeure fortifiée des XIVe–XVe siècles ; les constructions s'échelonnent du XVIe au XVIIIe siècle, la majeure partie des éléments authentiques étant datable de la reconstruction du logis vers 1630. Les bâtiments bordent une cour intérieure carrée d'environ 40 mètres de côté, autrefois fermée par un pont-levis, et sont entourés sur trois côtés de douves encore en eau. Les fenêtres à meneaux plats conservent des vitres à plomb ; plusieurs salles ont gardé des boiseries, les sols sont pavés de schiste et de pierre calcaire, et la plupart des cheminées sont caractéristiques de la fin du XVIe siècle. Un lavoir octogonal occupe la base de la tour sud‑ouest, deux colombiers se situent à l'est et à l'ouest du portail d'entrée, et le jardin clos à quatre terrasses comportait potager, herbier et verger. La seigneurie relevait de la baronnie de Bricquebec : en 1350 les Paynel la cédèrent à Guillaume de la Marre, puis par mariage elle passa en 1372 à la famille d'Orglandes. Jean d'Orglandes fit édifier le manoir à la fin du XIVe ou au début du XVe siècle et la Cour resta pendant 238 ans dans cette famille. En 1610 Antoine d'Orglandes céda la seigneurie à Jacques d'Orglandes, qui l'échangea aussitôt avec Guillaume Plessard ; après son mariage en 1612 avec Catherine d'Orglandes, Guillaume Plessard fit modifier les bâtiments et fit construire notamment un important colombier et le pavillon neuf. Le domaine se transmit ensuite par alliances et successions aux familles Marcadé, Querqueville, Osbert, Le Trésor d'Ellon, Turgot, Préval, de Chivré, Etard de Bascardon et de Tanoüarn. Le 12 février 1870 la Cour fut vendue à Ferdinand Noël ; la propriété passa par la suite à la famille Lesage puis à Monique Lesage, épouse Ribier, et à ses descendants. En 1734 la terre fut concédée en bail et, à partir de la Révolution, le domaine de 40 hectares fut loué à des fermiers, parmi lesquels les familles Couppey (vers 1809), Taillefesse (vers 1895), Adam (vers 1904) et Rose (1923). À partir d'octobre 1943 le manoir occupé servit de dépôt de ravitaillement pour le nord du département : l'occupant y cuisait 4 000 boules de pain par jour et près de 1 500 sacs de farine y furent stockés. Le lieu inspira Aristide Frémine pour le roman Un Bénédictin et servit de décor au téléfilm La Comète en 1996, avec la participation d'habitants locaux comme figurants. L'ensemble, bordé d'une longue allée de hêtres, présente des bâtiments d'habitation et une ferme couverts en schiste, articulés autour de la cour et ceints de douves. L'accès principal se fait par une porterie refaite au XVIIe siècle ; le porche, anciennement précédé d'un pont‑levis et flanqué d'échauguettes communiquant avec la salle des gardes, est aujourd'hui franchi par un pont dormant. Le pavillon neuf, bâti après 1610 dans l'angle sud‑ouest, est un édifice à deux étages pourvu d'une petite échauguette qui contenait une horloge et une cloche, et s'éclaire par des fenêtres à meneaux surmontées de frontons. Trois tours d'angle furent reconstruites et l'habillage des fenêtres à meneaux et des frontons fut étendu aux bâtiments médiévaux conservés. La tourelle nord‑ouest renferme en partie basse un lavoir intérieur octogonal alimenté par une source via un chemin de bois creusé dans un arbre de sept mètres ; il a une capacité de 5 700 litres, une profondeur de 0,55 m et des côtés d'environ 1,30 m et a pu servir de réserve d'eau. Un second accès, aménagé de ce côté, comporte un petit pont et une passerelle de bois démontable permettant, en cas de danger, de couper l'approche ; ce passage met en relation la demeure avec l'église par des jardins en terrasses reliés par des escaliers en pierre. Le grand colombier bâti par Guillaume Plessard comporte 31 rangées de 52 alvéoles, soit 1 595 boulins, et sa toiture fut restaurée en février 1990, tandis que le petit colombier de 500 boulins fut restauré en 1991. Certains traits architecturaux et décoratifs rapprochent la Cour de châteaux voisins comme Chiffrevast, Sotteville et Crosville, ce qui laisse penser à une même école cotentine de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. La grande salle s'atteint après avoir descendu quatre marches et comprend une imposante cheminée au manteau très avancé soutenu par deux piliers. Les façades et toitures de l'ensemble des bâtiments ont été classées au titre des monuments historiques par arrêté du 6 septembre 1954 ; les intérieurs, la cour d'honneur, les douves et ponts reliant le logis au jardin, le jardin en terrasses avec ses murs de soutènement, ses clôtures et escaliers, les herbages autour des douves et les avenues d'accès ont été inscrits par arrêté du 30 avril 1993.

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