Origine et histoire
Le manoir de la Motte se situe à Saint-Pierre-des-Ifs, lieudit Le Manoir, dans l'ancienne commune de La Motte-en-Auge, rattachée à Saint-Pierre-des-Ifs en 1841. La seigneurie appartenait à l'abbaye de Sainte-Barbe-en-Auge au XIIe siècle; des membres de la famille Bréard portent le titre de seigneurs au XVIIe siècle, mais il est très vraisemblable qu'ils n'aient jamais habité le manoir, qui restait à la fois possession seigneuriale et exploitation agricole avec bâtiments et terres. Le bâtiment présente un encorbellement sur sommiers, une sablière de chambrée correspondant à une seule pièce, un escalier logé dans une tourelle carrée, une galerie en encorbellement, une grande lucarne, des cheminées monumentales et des portes intérieures à plis de serviette. La cour enherbée est délimitée par les dépendances comprenant une écurie-charretterie, une grange et une étable ; le pressoir du XVIIe siècle a été démonté en 1993. Sur le plan stylistique, le manoir présente des affinités avec celui de Saint-Gilles-de-Livet — tous deux à pan de bois, avec étage en encorbellement sur sommiers, galerie, cheminées adossées et motifs sculptés sur les poteaux — motifs qui correspondent à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle. Le logis, orienté est-ouest, comporte un rez-de-chaussée et un étage surmontés d'un comble sous un toit à deux pans couvert de tuiles plates; la structure repose sur un soubassement de moellons et présente un colombage en grille. La façade principale, tournée vers l'est, est organisée en cinq travées délimitées par des poteaux; la porte unique est décentrée et les baies sont dissymétriques. Une entretoise moulurée sépare la sablière de plancher de l'étage de la sablière de chambrée. À l'intérieur, les deux cheminées adossées desservant le rez-de-chaussée et l'étage confirment l'appartenance de la maison au type de logis simple à deux pièces par niveau de la fin du XVe siècle. L'étage est éclairé par trois fenêtres de même taille et une quatrième plus étroite, et la grande lucarne du comble occupe la largeur d'une travée. L'allège formée de quatre petites fenêtres carrées juxtaposées est ornée du même colombage en grille que le reste de la façade, et un culot sculpté porte un motif attribué à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Sur la façade ouest se détache une tour carrée hors-œuvre, coiffée d'un toit en bâtière et revêtue d'un essentage de bois; elle renferme un escalier en vis qui desservait autrefois une galerie. Cette galerie a été transformée en couloir fermé, éclairé par trois petites fenêtres visibles entre la toiture du logis et les pans de toit des appentis aux murs en damier de pierre et de silex, traitement courant dans les logis du Pays d'Auge construits entre les XVe et XVIe siècles, comme on l'observe également au manoir de Courson. Les dépendances — grange, étable et écurie-charretterie — ont été restaurées et ont conservé leur caractère d'origine.
