Origine et histoire du Manoir de la Motte
Le manoir de la Motte est situé au lieu-dit Le Manoir à Saint-Pierre-des-Ifs, dans le Calvados, sur le territoire de l'ancienne commune de La Motte-en-Auge, rattachée à Saint-Pierre-des-Ifs en 1841. L'édifice, construit après 1496 en pierre de taille calcaire et en briques, occupe probablement un site castral antérieur aux XIe et XIIe siècles. À l'origine, le plan était rectangulaire, avec deux grands logis pourvus de tours d'angle se faisant face, séparés par une cour centrale et reliés par des murs maçonnés. La partie sud a sans doute été détruite avant le XVIIIe siècle; du manoir du XVe siècle subsiste la partie nord, composée d'un logis rectangulaire flanqué de deux tours rondes aux angles, en partie arasées et reprises en brique en 1743-1744. La façade sud a été remontée en pan de bois à grille. Les cheminées intérieures indiquent que les niveaux d'origine n'ont pas été modifiés; ils étaient desservis par un escalier à vis, doublé au XVIIIe siècle par un escalier central en bois. Les éléments défensifs se concentrent dans les parties basses des tours et de la salle basse, sous la forme de canonnières à double ébrasement, ce qui confère au bâtiment les caractéristiques de la maison-forte de la fin du XVe siècle. La seigneurie de la Motte appartenait à l'abbaye de Sainte-Barbe-en-Auge au XIIe siècle; des membres de la famille Bréard portent le titre de seigneurs au XVIIe siècle, bien qu'il soit vraisemblable qu'ils n'aient pas résidé au manoir, qui fonctionnait aussi comme exploitation agricole avec bâtiments utilitaires et terres. Sur le plan architectural, le manoir présente des similitudes avec celui de Saint-Gilles-de-Livet: tous deux associent un étage en encorbellement sur sommiers, une galerie, deux cheminées adossées et des motifs sculptés semblables sur les poteaux des façades principales, motifs caractéristiques de la fin du XVe siècle ou du début du siècle suivant. Le logis, orienté est-ouest, comprend un rez-de-chaussée, un étage et un comble couvert par un toit à deux pans de tuiles plates; il repose sur un soubassement de moellons, comporte un encorbellement sur sommiers et un colombage en grille. La façade principale, tournée vers l'est, est organisée en cinq travées par niveau avec une porte décentrée et des baies dissymétriques; une entretoise moulurée sépare la sablière de plancher de la sablière de chambrée. À l'intérieur, les deux cheminées adossées desservant rez-de-chaussée et étage confirment le type de logis simple à deux pièces par niveau. L'étage est éclairé par trois fenêtres de même largeur et une plus étroite; dans le comble, une grande lucarne occupe la largeur d'une travée et l'allège des quatre petites fenêtres carrées juxtaposées est ornée du même colombage en grille que la façade. La façade ouest est marquée par une tour carrée hors œuvre à toit en bâtière coiffée d'un essentage de bois; elle abrite un escalier en vis qui desservait une galerie, aujourd'hui remplacée par un couloir éclairé par trois petites fenêtres visibles entre la toiture du logis et les pans de toit des appentis aux murs en damier de pierre et silex. Les logis du Pays d'Auge construits entre le XVe et le XVIe siècle comportaient souvent une galerie d'étage ensuite transformée en espace de circulation fermé, comme c'est le cas ici et au manoir de Courson. Parmi les dépendances, la grange, l'étable et l'écurie-charretterie ont été restaurées en conservant leur caractère initial; le pressoir du XVIIe siècle a disparu dans les années 1990.