Manoir de la Tuderrière à Apremont en Vendée

Patrimoine classé Demeure seigneuriale Manoir

Manoir de la Tuderrière

  • Route de la Tuderrière
  • 85220 Apremont
Crédit photo : Evan4341 - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVe siècle, XVIe siècle

Patrimoine classé

La façade et la toiture sur cour du corps de logis principal (cad. C 106) : inscription par arrêté du 8 octobre 1984 - Les façades et toitures du logis principal (ou logis d'habitation) du manoir, consistant en deux ailes articulées autour d'un corps carré inclusivement, ainsi que les façades et toitures du logis-porche avec les éléments de charpente bordelaise qui y sont conservés (cad. C 105, 106) : inscription par arrêté du 15 septembre 2016

Origine et histoire du Manoir de la Tuderrière

Le manoir de la Tuderrière est un château situé à Apremont, dans le canton de Challans en Vendée, et constitue un témoignage de l'architecture civile médiévale. Le site est occupé dès l'époque gallo-romaine, des reliques ayant été retrouvées à la Tuderrière et sur le plateau voisin du Moulin des Vignes. La Tuderrière, aussi appelée Tuderière ou Tudairière, est citée pour la première fois au XIe siècle comme siège d'une forteresse, puis aux XIIe et XIIIe siècles (mentions en 1161 et 1280). Au XVe siècle la propriété appartient à la famille Quayrault, détentrice de terres dans la région. En 1584 Gilbert de la Trémoille, seigneur du château d'Apremont, y installe Claude Dreux pour gérer le domaine; celui-ci entreprend des travaux pour remettre le logis au goût de la Renaissance. Par mariage, le manoir passe aux Durand, bourgeois et marchands anoblis au XVIIe siècle, qui y résident jusqu'à la Révolution; l'un d'eux sert comme sous-lieutenant aux gardes du Roi. Au XIXe siècle la Tuderrière appartient à Léopold Surville, notaire et maire de La Roche-sur-Yon, à qui un calvaire a été élevé en mémoire sur la route de la propriété. Pendant la Seconde Guerre mondiale le manoir est occupé par des maquisards; après la guerre il sert de colonie de vacances puis d'exploitation agricole. La propriété change de mains à plusieurs reprises, avec une rénovation sommaire dans les années 1960, jusqu'à l'acquisition par Sonia Ceran et Boris Racaud en 2010. Les façades et toitures du corps de logis sont inscrites au titre des monuments historiques le 8 octobre 1984, puis les façades et toitures du logis d'habitation et du logis-porche, incluant des éléments de charpente bordelaise, le 15 septembre 2016.

La Tuderrière forme un ensemble médiéval remis au goût du XVIe siècle sans modification structurelle majeure. Perché sur une falaise de schiste dominant la vallée, le manoir, d'allure austère, se présente comme une forteresse rectangulaire articulée en deux ailes décalées, ancêtre des logis vendéens. Il conserve de nombreux éléments architecturaux : une élévation dotée de chevronnières, un système complexe de latrines doubles, huit cheminées imposantes sur pieds moulurés — une par pièce, dont quatre médiévales et quatre de type renaissance — un fronton avec fenêtre géminée et des baies à meneaux de la fin du XVIe siècle, un four à pain, un plafond « à la française », une cave voûtée, des vitraux restitués, un imposant escalier et des éviers en pierre sous arcades. L'ensemble est entouré d'un fossé défensif, de remparts, de cours fermées, d'une caverne et d'une fontaine voûtée, et le potager jouxte la cuisine médiévale. Le logis-porche, porte d'entrée de la propriété, conserve des portes et une charpente médiévales, des cheminées en bois cintrées, des fenêtres à coussiège et deux têtes sculptées au porche à vocation apotropaïque. La chapelle domestique, consacrée en 1530, est évoquée dans la visite épiscopale de 1777 comme bien tenue; elle a cependant souffert durant la période de la Guerre de Vendée, liée notamment à l'exécution en 1793 du propriétaire de l'époque, le prêtre réfractaire Jean Charles Durand de La Tudairière.

Les propriétaires ont conduit d'importants travaux de restauration entre 2010 et 2020 sur le château, la chapelle et le logis-porche, reprenant charpentes, toitures, souches de cheminées, enduits, menuiseries et restituant travées et vitraux. Ces travaux ont valu à Boris Racaud un prix départemental en 2016 et le prix national « Mercure » en 2018 pour la restauration exemplaire du site. Des études dendrochronologiques et une datation radiocarbone ont précisé la chronologie : une charpente restaurée en 1590 s'insère dans des chevronnières médiévales, tandis que la dendrochronologie situe la construction du logis-porche à la fin du XIVe–début du XVe siècle, plus précisément entre 1390 et 1414. Les recherches confirment un ensemble reconstruit autour de 1400 et montrent des évolutions stylistiques au XVe puis à la fin du XVIe siècle, avec l'ajout d'éléments de la Renaissance tels que le fronton et les grandes baies à meneaux. Certains éléments restent énigmatiques — la présence de symboles comme des croix templières et de marques maçonniques sur des cheminées plus récentes — et le fonctionnement exact du site fait toujours l'objet d'interrogations; dans le contexte régional la Tuderrière apparaît néanmoins comme un unicum parmi les ensembles médiévaux civils.

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