Origine et histoire du Manoir de Lesmadec
Le manoir de Lesmadec se situe à Peumérit, dans le lieu-dit Lesmadec, au sud-ouest du Finistère (Cornouaille). Construit pour l'essentiel au XVe siècle, il adopte un plan en U ouvert au sud sur un jardin d'agrément daté du deuxième quart du XVIIe siècle. L'édifice a subi des remaniements ultérieurs, certaines interventions étant attribuées aux XVIIIe et XIXe siècles, tandis que des transformations du logis se sont avérées postérieures à 1812. Une partie du manoir — le portail d'entrée, le colombier le surplombant et l'escalier — a été inscrite au titre des Monuments historiques en 1968. Le portail oriental, voûté en croisée d'ogive, ferme la cour et porte un pigeonnier de plan circulaire dont l'intérieur comporte trois rangées de pierres saillantes séparées par des niches. Le logis principal conserve des pignons à chevronnières et des cornières sculptées représentant des animaux fantastiques ; à l'arrière se trouvent un escalier en pierre et un pavillon carré. Les bâtiments de ferme ont été remaniés vers le milieu du XIXe siècle. Vers 1580, Louise de Lesmadec, épouse de Jehan de Corfmao sieur de Kervern, fit édifier le pigeonnier sur porche, orné de leur écu en clé de voûte. Des aveux de 1541 et de 1607 témoignent de l'appartenance du manoir au fief de Prat ar Stang et de liens avec la famille de Rosmadec. En 1675, le domaine fut acquis par maître Gilles Le Forestier de la Noé, avocat en la Cour, capitaine garde-côtes et receveur des fouages extraordinaires de l'évêché de Cornouaille. La mort en 1810 du petit‑fils de la famille provoqua la vente du domaine en 1812, adjugé à Pierre Marie Lavallée. Sous l'Empire, Jacques Julien Marie Le Forestier Lesmadec fut maire de Peumérit et Yves François Marie, son frère, occupa une fonction municipale à Plonéour. La famille Le Forestier connut plusieurs alliances et successions au début du XIXe siècle, qui influèrent sur la destinée du domaine. En 1828, le manoir devint la propriété des aïeux de Théodore Le Hars ; l'ajout d'une haute toiture à quatre rampants coiffant l'escalier en pierre, ainsi que des travaux de chaînage, bandeau et corniche, ont modernisé l'apparence du logis. À la mort de la veuve Le Hars en 1937, le domaine fut acquis par maître Jacques Quéinnec, notaire puis homme politique. Louis Le Guennec visita et croqua le manoir en 1921 ; ses notes, non publiées et versées aux archives départementales, ont influencé certains historiens et entraîné des erreurs d'interprétation sur la datation des remaniements. La confrontation avec l'inventaire de 1812 et le rapport de M. Cailleau, architecte des Bâtiments de France, a montré que les modifications relevées par Le Guennec sont postérieures à 1812. Le manoir est aujourd'hui une propriété privée appartenant à la famille Evrard.
