Manoir de Lesmoal à Plounérin en Côtes-d'Armor

Patrimoine classé Demeure seigneuriale Manoir

Manoir de Lesmoal

  • D56
  • 22780 Plounérin
Manoir de Lesmoal
Manoir de Lesmoal
Manoir de Lesmoal
Crédit photo : Crepi22 - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIe siècle

Patrimoine classé

Le logis et la grange à lin ; les façades et toitures des bâtiments annexes du manoir (cad. D 473) : inscription par arrêté du 4 février 1997

Origine et histoire du Manoir de Lesmoal

Le manoir de Lesmoal se situe à Plounérin (Côtes‑d'Armor), à flanc de colline entre 190 et 200 mètres d'altitude. L'accès se faisait à l'origine depuis l'ouest par une allée longue de 120 mètres reliant le chemin de la Clarté à Guerlesquin ; depuis 1998 une seconde allée a été créée au sud. L'édifice principal, daté du début du XVIe siècle, présente des décors des portes d'entrée et des éléments architecturaux attribués à la période autour de 1530, notamment des fenêtres à coussièges, des meneaux et traverses et des pinacles sur culots. Le logis est organisé au rez‑de‑chaussée en cuisine, salle et salon ; au‑dessus se trouvent trois chambres et trois greniers sous une couverture d'ardoises, desservis par un escalier à vis hors‑œuvre sur l'élévation postérieure. La salle conserve une fontaine intérieure, particularité remarquable du manoir. À l'ouest de la cour subsiste une grange qui témoigne de l'ancienne activité de traitement du lin, exercée de la fin du Moyen Âge au XVIIe siècle. Le colombier, dont la porte est surmontée des armoiries de Lesmoal, est d'une construction soignée et compte parmi les plus beaux du Trégor. À l'origine le domaine comprenait une entrée monumentale, un étang, un moulin et une chapelle ; seules l'étang et le colombier subsistent aujourd'hui.

La seigneurie de Lesmoal a été créée vers 1420 par démembrement de la seigneurie de Guerlesquin par Jean de Penhoet pour la dot de sa sœur Isabeau, mariée à Jean de Bouteville. Au XVe et XVIe siècles les terres s'étendaient au sud du grand chemin de Morlaix sur les paroisses de Plounérin et de Guerlesquin, couvrant plus de 700 hectares au XVe siècle puis environ 500 hectares à partir du XVIe siècle ; plusieurs tenues et censives sont mentionnées sur ces paroisses, totalisant plusieurs centaines d'hectares. En 1505 Morice Meur, receveur et procureur de Loys de Bouteville, réside à Lesmoal comme métayer avec sa femme Marie Guergabin, puis en 1540 Guillaume Meur rachète la seigneurie aux familles Bouteville et Combout. Le manoir est construit au XVIe siècle par Maurice (Morice) Meur et Julienne de Quélen ; à partir de 1547, avec leur mariage, le domaine se structure autour d'une cour et d'une basse‑cour, reçoit une entrée monumentale et une chapelle, et des armes sont apposées sur la porte et d'autres éléments. Par aveu rendu en 1585 la Chambre des Comptes reconnaît au seigneur les droits de haute, moyenne et basse justice, constat confirmé lors de la réformation du domaine royal de 1679. Un cadran solaire décoré, découvert dans la tour d'escalier, porte l'inscription I:FOVCQVAVIT:1580 ; son relevé a donné lieu à diverses lectures.

À partir de la fin du XVIe siècle les propriétaires fréquentent d'autres résidences et mettent la propriété en fermage ; au XVIIe et XVIIIe siècle plusieurs bâtiments se dégradent et certains sont abandonnés. Pendant la Révolution les biens du propriétaire Kersauzon Vieux Châtel sont saisis, expertisés entre septembre 1794 et mars 1795, puis vendus comme biens nationaux le 30 juillet 1796 au juge de paix Aimable Alexandre Le Roy pour 17 679 livres et 12 sols ; l'estimation de 1794 décrit l'étage comme composé de "trois chambres, trois greniers sans terrasses ny baraseaux". Le manoir passe entre diverses mains et est mis en fermage au XIXe siècle ; dans les années 1870 Jean‑Marie Aurégan fait construire une maison bourgeoise appelée "Le château de Lesmoal" à 300 mètres au sud‑est. Le site est abandonné dans les années 1960. En 1993 François Cotten et son épouse acquièrent la propriété et entreprennent plus de dix ans de restauration : ils rehaussent la tour d'escalier en la coiffant d'un toit en pavillon orné d'un épi de faîtage et créent des lucarnes sur le versant sud du toit en s'inspirant de divers manoirs bretons.

Les armoiries portées au manoir renvoient aux familles locales : les Penhoet, les Cazin et les Meur sont évoquées dans les sources, avec des blasons tels que d'or à la fasce de gueules pour Penhoet et d'argent à la fasce d'azur pour les Cazin et les Meur. Une pièce du logis fut divisée au XVIIIe siècle par une cloison pour former deux chambres et une seconde cheminée fut alors aménagée dans le mur de refend. Le manoir est inscrit partiellement au titre des monuments historiques par arrêté du 4 février 1997 ; sont protégés le logis et la grange à lin ainsi que les façades et les toitures des bâtiments annexes.

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