Manoir de Mézarnou à Plounéventer dans le Finistère

Patrimoine classé Demeure seigneuriale Manoir

Manoir de Mézarnou

  • Manoir de Mézarnou
  • 29400 Plounéventer
Manoir de Mézarnou
Manoir de Mézarnou
Manoir de Mézarnou
Manoir de Mézarnou
Manoir de Mézarnou
Manoir de Mézarnou
Manoir de Mézarnou
Manoir de Mézarnou
Crédit photo : Moreau.henri - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Frise chronologique

Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1600
1700
1800
1900
2000
1594
Pillage du manoir
1603
Inventaire des biens
1ère moitié XVIe siècle
Construction du manoir
1720
Vente du domaine
1806
Acquisition par les Abhervé-Guéguen
1995
Partage du domaine
2002
Classement historique
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Le manoir dans sa totalité, ainsi que le sol de la cour, le mur de clôture sud de la cour et le bassin qu'elle contient (cad. G 78, 1231) : classement par arrêté du 9 avril 2002

Personnages clés

Yves de Parcevaux Propriétaire initial du manoir, victime du pillage en 1594.
Jeanne de Kerven Épouse d'Yves de Parcevaux, co-propriétaire du manoir.
Hervé de Parcevaux Fils d'Yves de Parcevaux, victime du pillage et restaurateur du manoir.
Yves du Liscouët Auteur du pillage du manoir en 1594.
Guy Éder de La Fontenelle Visiteur du manoir, connu pour l'enlèvement de Marie Le Chevoir.
Françoise de Parcevaux Petite-fille d'Hervé de Parcevaux, impliquée dans les procédures de spoliation.
Mathieu Poinçonneau Acquéreur du manoir en 1720.
Yves Abhervé-Guéguen Ancêtre des acquéreurs du manoir en 1806.

Origine et histoire du Manoir de Mézarnou

Le manoir de Mézarnou, situé à l'entrée de Plounéventer (Finistère), a été construit pour Yves de Parcevaux et Jeanne de Kerven et achevé vers 1525. Il se présente comme un logis à cour fermée dont les ailes nord et ouest forment un plan en équerre. Ces deux ailes encadrent une tour d'escalier dont le plan passe d'un octogone à un carré, et une tourelle circulaire en encorbellement dessert une chambre haute avec âtre. L'escalier principal en vis, en granit, se distingue par sa monumentalité et sa mise en œuvre soignée. Le décor gothique flamboyant des façades sur cour est particulièrement riche sur l'aile nord, affectée à l'habitation seigneuriale. Le logis a conservé une lisibilité parfaite de sa distribution intérieure originelle ; au rez-de-chaussée de l'aile ouest, un mur-buffet cloisonne longitudinalement la partie service, séparant la cuisine d'espaces voûtés abritant évier, auge et saloir. Un passage voûté reliait l'aile ouest à un bâtiment de communs à l'arrière, disposition rare en Bretagne qui évoque le « cross passage » de certaines demeures anglaises contemporaines. À l'origine le manoir était entouré de douves et inscrit dans un domaine clos d'environ 17 hectares bordé d'un mur d'enceinte ; l'entrée donnait sur une avenue reliant la route de Plouédern à celle de Saint-Servais. Pendant les guerres de la Ligue, le 1er août 1594, Mézarnou fut pillé par Yves du Liscouët : il trahit son hôte Hervé de Parcevaux, commanda le pillage, fit tuer deux domestiques et, selon les sources, des violences furent commises contre les femmes présentes ; des objets précieux et l'argenterie furent emportés ainsi que des ornements d'églises confiés au manoir. Hervé de Parcevaux fut ensuite enfermé à Brest pendant deux semaines et ne fut libéré qu'après le paiement d'une rançon de 9 500 écus, puis remeubla le manoir en prenant du mobilier dans ses autres demeures. L'année suivante, Guy Éder de La Fontenelle visita le manoir et enleva Marie Le Chevoir, riche héritière issue d'un premier mariage de Renée de Coëtlogon ; selon les sources elle avait alors entre neuf et douze ans, et son enlèvement a fait l'objet de versions diverses et de traditions orales. En 1603 Hervé de Parcevaux engagea une procédure contre la veuve d'Yves du Liscouët pour faire reconnaître et chiffrer les spoliations ; il évalua alors la valeur des biens pillés à 70 000 écus et la procédure se prolongea, Françoise de Parcevaux, sa petite-fille, s'en occupant encore vingt ans plus tard. Un inventaire dressé en 1603 donne une image de l'opulence du lieu : meubles richement ouvragés, nombreuses pièces d'argenterie et d'orfèvrerie, chambres meublées de lits à baldaquin aux couvertures précieuses, grands chandeliers et horloges, ainsi qu'un cheptel et des réserves de récoltes abondants. Le fief de Mézarnou appartient depuis au moins le XIe siècle à la famille de Parcevaux, dont la présence est attestée dès 1091 ; la seigneurie resta dans cette famille jusqu'au mariage de Françoise de Parcevaux avec René Barbier en 1630. Les héritiers vendirent le domaine le 23 avril 1720 au sieur de Poinçonneau et le manoir fut ensuite vendu comme bien national pendant la Révolution française. Après l'acquisition par Mathieu Poinçonneau, le manoir fut loué puis acquis en 1806 par les descendants d'Yves Abhervé-Guéguen ; il passa ensuite par alliance à la famille Martin et connut un déclin progressif au cours du XIXe siècle, certaines pierres servant à la construction d'autres bâtiments. À proximité existaient un vivier, un moulin à Penhoat alimenté par des détournements d'eau des marais et un colombier qui ont disparu depuis. L'implantation originelle comprenait deux corps de logis formant un triangle fermé par des portes cochères ; l'aile ouest a été fortement endommagée et partiellement démolie au pignon sud, et un pavillon hexagonal n'a conservé que quelques marches. Les façades nord et ouest sont en moellons tandis que le reste de l'édifice est en pierres de taille ; les cheminées de la cuisine et de la salle à manger subsistent. Entre les deux corps de logis, un pavillon carré accolé d'une tourelle renferme un escalier dont chaque marche, taillée d'une seule pierre, mesure trois mètres de long. Dans la cour d'honneur se trouve une vasque monolithe d'environ trois mètres de diamètre, alimentée par une fontaine signalée sous le nom de Saint-Néventer. La chapelle du manoir, située à une centaine de mètres au sud dans le pré appelé Park ar Japel, n'existe plus. À la fin du XXe siècle subsistaient encore deux petits pavillons et la maison du garde près de la route, mais le manoir était en grande partie en ruine : toiture et planchers effondrés, inhabité depuis le début des années 1970, avec seulement les cuisines conservant deux grandes cheminées. Le domaine fut partagé en 1995 entre la Société d'histoire et d'archéologie du Finistère et deux particuliers ; un propriétaire acquit la part principale en 1996 et entreprit la restauration à partir de 2001. Le manoir de Mézarnou est classé au titre des monuments historiques depuis le 9 avril 2002.

Liens externes