Origine et histoire du Manoir de Pech Godou
Pech Godou, aussi orthographié Pech Gaudou ou Pechgaudou, est une maison forte périgourdine située à Belvès, en Dordogne. Le nom "Godou" serait une déformation de "Godame", terme ancien désignant les Anglais, si bien que Pech Godou signifierait "colline des Anglais". Dès le XIIe siècle, un fort surveillait la vallée de la Nauze. Durant la guerre de Cent Ans, les Anglais y prirent possession. En 1468, la seigneurie appartenait à Pierre de Commarque. Au temps de la Réforme, le site passa entre les mains des Religionnaires ; en 1577 son seigneur, Annet de Commarque, reçut une commission du roi de Navarre pour s'emparer de l'abbaye de Saint-Avit-Sénieur, et Henri de Navarre y fut reçu par Annet la même année. Annet de Commarque est qualifié d'écuyer et sieur de Pechgaudou, Sigognac, La Barde et Molières, et en 1572 il servait comme homme d'armes dans la compagnie du baron de Biron. Selon les chroniques de Jean Tarde, il entra dans le fort de Saint-Avit en se présentant comme ami et voisin, feignant toute sa vie la foi catholique ; après être entré, il fit garder la porte et sonner les cloches pour avertir ses hommes cachés, qui pénétrèrent alors dans l'enceinte, ce qui causa la mise à mort ou la capture des chanoines, la destruction de l'église et du clocher, l'enlèvement des cloches et la brûlure des titres. Les protestants conservèrent Saint-Avit jusqu'en mai ; Annet fut poursuivi pour ses excès devant le parlement de Bordeaux par l'archevêque, puis amnistié par l'édit de pacification. L'édifice primitif du XIIe siècle se composait d'un donjon carré à deux étages. Au XIVe siècle, on adossa à la face ouest du donjon un corps de logis d'un niveau sur rez-de-chaussée, accessible au nord par une porte en tiers point à grands claveaux ; une tour ronde d'escalier fut élevée à la jonction des deux bâtiments et couronnée de mâchicoulis, tandis qu'une échauguette fut aménagée à l'angle sud-est du donjon. Au XVIe siècle, l'ensemble reçut de grandes baies d'éclairage et une porte fut percée dans la tour sous un arc en accolade. Au XIXe siècle, une cour intérieure fut aménagée en édifiant contre la face nord du donjon un rez-de-chaussée couvert à la Mansart ; la face ouest, en partie ruinée au XIVe siècle, fut prolongée par un bâtiment de communs et d'autres constructions, aujourd'hui en ruines, complétaient autrefois l'ensemble. Le manoir fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 23 février 1981.