Origine et histoire du Manoir de Saint-Armel
Le manoir de Saint‑Armel est un manoir épiscopal du XVIIe siècle situé au sud de Bruz, en Ille‑et‑Vilaine, en bordure de la Seiche. Il se compose de deux corps de bâtiment rectangulaires allongés, réunis en angle droit, et était autrefois entouré de douves formant un grand carré. Au sud se trouvaient des dépendances aujourd’hui disparues, dont une écurie, un porche et divers bâtiments de service ; à l’ouest existaient une fuie et un vivier. Le corps ouest présente une porte en plein cintre encadrée de pilastres ioniques et surmontée d’un fronton triangulaire garni d’un écusson en accolade. Sur le côté nord de la cour se trouvaient la « Chambre du cerf » et une prison. Le portail d’entrée, remanié au XIXe siècle, est en plein cintre, flanqué de pilastres ioniques et coiffé d’une corniche moulurée ; il remplace un ancien portail sous lequel se tenaient autrefois l’un des cinq plaids généraux de l’évêché. Ce portail est précédé d’un pont à deux arches qui aboutissait autrefois à un pont‑levis aujourd’hui disparu. À l’est du portail se dressait un bâtiment de service et une chapelle, édifiée en 1329 et démolie en 1791 ; son autel représentait la Vierge entourée d’anges, flanquée de figures de saint Armel et de Marie‑Madeleine, et un petit cimetière jouxtait la chapelle. Les premiers bâtiments sont très anciens : le domaine fut donné aux évêques de Rennes en 1076 par Geoffroy, comte de Rennes, avec des droits seigneuriaux — fuie, haute et basse justice — et des fourches patibulaires placées à l’angle du grand jardin. Il ne subsiste rien du manoir primitif, qui fut reconstruit au XVe siècle par l’évêque Anselme de Chantemerle ; celui‑ci fit remplacer un pont de bois par un pont de pierre à quatre arches, dont deux sont encore visibles. À partir de 1507, Yves Mahyeuc, confesseur d’Anne de Bretagne puis évêque de Rennes, occupa régulièrement l’Hôtel Saint‑Armel et y décéda en 1541. Au tournant des XVIe et XVIIe siècles, l’ensemble fut repris dans un esprit plus moderne et conforté par d’importants remaniements ; au XVIIe siècle il comprenait alors trois corps de bâtiments, l’un au sud aujourd’hui disparu, l’autre à l’ouest et le troisième au nord se prolongeant par une salle au‑dessus de l’écurie et par des bâtiments jusqu’à la chapelle. La cour intérieure, dotée d’un puits, était close à l’est par une murette munie d’une rampe en bois. L’ensemble présente un caractère typiquement XVIIe siècle, avec pavillons, travées régulières, toitures hautes, baies verticales étirées et lucarnes à volutes, rappelant d’autres manoirs de la région. L’exploitation minière et l’aménagement hydraulique pour les mines de Pont‑Péan ont modifié le cours de la Seiche et privé les douves, le vivier et les moulins d’une partie de leur eau. Vendue à la Révolution, la propriété fut acquise en 1791 par Charles Bonaventure Toullier puis passa au cours du XIXe et du XXe siècle au sein de familles locales. Épargné par les bombardements qui détruisirent une partie de Bruz en 1944, le manoir accueillit alors des familles sinistrées. Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1975, le Manoir de Saint‑Armel constitue un élément majeur du patrimoine de Bruz.