Origine et histoire du Manoir de Trevennou
Le manoir de Trévénou, inscrit au titre des Monuments historiques (cad. D 847) depuis le 5 novembre 1970, se situe à l'extrémité occidentale du territoire de Langoat, à environ 4 000 mètres à l'ouest-sud-ouest du bourg et à 29 mètres d'altitude. Il est attribué par certaines sources au XVe siècle, parfois daté du XVIe siècle, et aurait été reconstruit en 1610. Le bâtiment a été partiellement démoli et amputé d'un étage. Ancienne résidence seigneuriale et exploitation agricole, il était à cour close ; le portail, la chapelle et le colombier ont en partie disparu et le domaine disposait jadis d'un moulin à eau. Aux rez-de-chaussée subsistent deux cheminées Renaissance : l'une est ornée de sculptures au‑dessus d'une corniche à denticules, l'autre, de composition classique, présente des pilastres et des triglyphes. Les armoiries du manoir furent mutilées à la Révolution. La liaison entre les deux bâtiments d'angle comprend une avancée à pan coupé et la menuiserie d'une ouverture haute intérieure porte en son centre une cariatide. La seigneurie possédait à l'origine le droit de moyenne et basse justice et s'étendait sur Lanmérin et Trévenou. Le manoir a appartenu à plusieurs familles nobles : de Tréveznou (ramage de Kerouzy), de Larmor (Olivier de Larmor en 1541), de Trogoff, de Rosmar de Kerdaniel, puis aux familles Nicol (1735) et Rogon (1768). Les armoiries associées à Kerouzy sont décrites comme « d'or au lion de sable », l'écu semé de tourteaux de gueules. D'après une déclaration de l'abbé commendataire de l'abbaye de Bégard en 1683, la paroisse de Langoat comptait trois frairies : Lezeven, Kervenou et Trevenou ; ces subdivisions paroissiales, apparues au Moyen Âge, possédaient souvent leur saint protecteur et leur chapelle. En 1734, les recteurs de Coatréven et de Louannec se déclarent vassaux de la seigneurie de Trévénou et y reconnaissent devoir foi, hommage et autres droits seigneuriaux, sous réserve d'exemptions dans l'étendue du minihy de Tréguier. Le terme « minihy », dérivé du latin monachia, désigne un territoire monastique. Sur le plan toponymique, le lieu apparaît sous diverses graphies : « Trevechnou » dans certaines études anciennes, « Trevénou » sur le cadastre de 1836, « Treveznou » ou « Trevennou » dans les archives seigneuriales, et « Trévénou » aujourd'hui sur les cartes de l'Institut géographique national. Selon certains historiens, dont André‑Yves Bourgès, Trevechnou en Langoat pourrait correspondre au lieu cité dans la Vie de saint Maudez, et la fontaine Saint‑Maudez serait localisée à proximité. L'édifice a subi un incendie en 1993 ; il a été restauré par la famille Perrot, propriétaire depuis 1995.