Période
XVIe siècle, XVIIe siècle
Patrimoine classé
Les parties suivantes du manoir de Tronjoly : logis : les façades et toitures, l'escalier intérieur en pierre avec sa voûte et ses portes, l'escalier intérieur en bois avec sa rampe en fer forgé et son plafond peint, la salle à manger et le salon avec ses glaces d'attache au rez-de-chaussée, les chambres et le couloir du 1er étage ; anciens communs reconvertis en logement : les façades et toitures ; cour d'honneur avec sa vasque ; terrasse avec son mur de soutènement, sa balustrade, son escalier et ses murs de clôture ; chapelle : les façades et toitures ; pavillon du chapelain : les façades et toitures ; communs du XIXe siècle : les façades et toitures et la cour ; lavoir, en totalité ; jardin clos avec ses murs, son bassin, son pavillon et son abri du XIXe siècle ; colombier en totalité ; calvaire ; portail d'entrée avec ses murets, en totalité ; avenue établie au sud-est, depuis le portail d'entrée jusqu'aux cours, avec son terre-plein et sa pelouse ; allée établie au nord-est ; figurant au cadastre, section CI, parcelles n° 305, 306, 307, 309, 311 et 314 et section CH, parcelles n° 259, 269, 270 et 271, tes que délimités et teintés en bleu sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 3 mars 2015
Origine et histoire du Manoir de Tronjoly
Le manoir de Tronjoly, situé à Cléder (Finistère, Bretagne), est une demeure noble organisée autour d'une cour d'honneur fermée au sud par une terrasse en surplomb. Sa construction a commencé au milieu du XVIe siècle (à partir de 1534–1535) sous Christophe de Kergoët ; elle se poursuit aux XVIe et XVIIe siècles avec l'élévation du corps de logis nord puis de l'aile ouest, ancienne partie des communs. Le nom Tronjoly signifie « joli vallon ». Une demeure antérieure, appartenant à Guyon de Kergoët de Trojoly, est attestée en 1360. La famille de Kergoët, mentionnée dès 1256 et originaire de Dinéault en Cornouaille, compte parmi ses ancêtres Yves, médecin des ducs Jean IV et Jean V et évêque de Tréguier en 1401, et descendrait d'une branche des vicomtes du Faou.
L'aile est, la plus ancienne, présente des fenêtres à meneaux avec linteaux en accolade, une tour d'angle et un encorbellement de pierre marquant la transition entre trois et deux murs. Plusieurs éléments — meneaux, rampants à crochets et pinacles — témoignent de la persistance du gothique flamboyant en Bretagne, malgré les apports postérieurs. Le corps de logis central au nord et les anciens communs à l'ouest relèvent d'un vocabulaire plus classique, avec une alternance de gerbières à fronton triangulaire ou arrondi. Au centre de la cour se trouve une vasque monolithique du XVIe siècle d'inspiration italienne. Le grand salon a été lambrissé à la fin du XVIIe siècle et le mobilier qui y figure date du XVIIIe siècle. Sur le portail de l'aile droite figurent les armoiries en alliance d'Olivier de Kergoët et de sa femme Marie du Louet, seigneur et dame de Tronjoly en 1580. Une chapelle du XIXe siècle et le pavillon du chapelain encadrent la terrasse méridionale.
Le manoir a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 23 juillet 1981 ; le classement porte sur les façades et toitures du manoir, de la chapelle du XIXe siècle, des communs, du pavillon du chapelain et du colombier, ainsi que sur la balustrade de la terrasse, la vasque de la cour, l'escalier à vis en pierre avec sa voûte, et l'escalier en bois avec sa rampe en fer forgé et son plafond peint.
Par alliances, le manoir a quitté la famille de Kergoët : en 1738 Marie‑Magdeleine du Kergoët de Tronjoly épousa Claude Marie de Parcevaux, devenu chef d'escadre en 1764 ; leur fils Ambroise, lieutenant de vaisseau, émigra en 1792 et participa à l'expédition de Quiberon en 1795, après quoi il échappa de peu aux condamnations révolutionnaires ; son épouse Jacquette Bullion de Montlouët fut emprisonnée à Morlaix puis au château du Taureau pendant la Terreur. Deux de leurs petits‑fils furent zouaves pontificaux, l'un d'eux mourant à la bataille de Castelfidardo. Par alliance, le manoir passa ensuite à la famille de Penhoat à partir de 1883. En février 1944, François Hervé du Penhoat, aviateur engagé dans la France libre, trouva la mort en Afrique du Nord ; son frère Jean périt au combat en septembre 1944 dans les Alpes, et le corps de François Hervé fut ramené au manoir le 24 février 1949. Le manoir est aujourd'hui une propriété privée appartenant à la famille Sagazan.
Le château est par ailleurs représenté dans le premier tome de la bande dessinée L'Épervier, créée par Patrice Pellerin.