Origine et histoire du Manoir des Basses-Rivières
Le manoir des Basses-Rivières, situé à Rochecorbon (Indre-et-Loire), réunit une maison de campagne du XVIIIe siècle, un important site troglodytique et un jardin labellisé « remarquable ». L'appellation « Les Basses Rivières » désignait autrefois une ferme et un village ; le terrain appartenait à la fin du Xe siècle aux moines bénédictins de l'abbaye de Marmoutier de Tours. La demeure principale, de plan rectangulaire, est construite avant 1765 ; certaines sources la datent vers 1730 et l'attribuent en 1755 à l'architecte tourangeau Pierre Meusnier, élève de Gabriel. La façade principale, divisée en trois travées, est rythmée par deux pilastres à bossages encadrant la porte en plein cintre et supportant un fronton triangulaire décoré d'un médaillon et de guirlandes ; lucarnes et œil‑de‑bœuf complètent le décor. Les pierres extraites pour creuser les grottes du coteau, en tuffeau, ont servi à la construction du logis. Autour de la maison, de profondes caves sont creusées dans le coteau, formant plus de trente‑cinq cavités accessibles qui constituent le plus grand site troglodytique du département. Le domaine conserve également des pressoirs des XVIe et XIXe siècles et un ensemble de caves des XIe et XVe siècles. Au XVIIIe siècle la maison, dite « folie » de campagne, est liée à la famille Papion du Château, fabricants de soie et vignerons, puis appartient en 1765 à la famille Taboureau de Boisdenier ; elle a aussi été habitée par la marquise d'Oysonville et par Jules‑Antoine Taschereau. En 1847 le manoir est acheté par l'officier britannique William Richmond Nixon, qui avait participé aux campagnes contre Napoléon en Portugal, en Espagne et à Waterloo sous le commandement du duc de Wellington ; il meurt et est inhumé à Rochecorbon en 1861. La première épouse de Nixon était Thérèse Antoinette Schatteman : les initiales RN et S figurent sur le fronton. Vers 1898 le domaine passe à Léontine d'Espelosin, puis à son fils Édouard d'Espelosin, antiquaire, sculpteur et architecte, qui en hérite en 1923 et le lègue ensuite à la ville de Tours. Après le décès d'Édouard d'Espelosin en juin 1944, la ville de Tours accepte le legs et ouvre en 1946 un musée présentant ses collections d'époque Louis XVI et des céramiques tourangelles ; la municipalité transforme ensuite le lieu en Musée Tourangeau du Vin et de la Vigne en 1954, musée qui ferme définitivement en 1970. La ville de Tours cède la propriété en juin 1973 ; les propriétaires actuels l'acquièrent en 2006 et réalisent d'importants travaux, ouvrant aujourd'hui des chambres et suites d'hôtes dans la maison du vigneron avec vue sur le jardin et le manoir. Le portail orné d'attributs religieux (tiare, rosaire, étole) porte le chiffre « DUC » pour la congrégation des Dames de l'Union‑Chrétienne ; initialement fabriqué pour leur couvent, il passa par l'hôtel de Baudry à Tours avant d'être racheté par M. d'Espelosin et installé aux Basses‑Rivières après la destruction de cet hôtel pendant la Seconde Guerre mondiale. Le parc en terrasses couvre environ 1,4 hectare et offre des promenades sur trois niveaux du coteau, avec deux points de vue sur la Loire situés à 20 et 70 mètres. Un microclimat, lié à l'exposition plein sud, au coteau de tuffeau et à la proximité de la Loire, permet la présence d'espèces méditerranéennes telles que cyprès, romarins, figuiers, micocouliers, arbres de Judée et cèdres. L'originalité du jardin tient à la confrontation entre les masses rocheuses de tuffeau et la rigueur d'un jardin régulier à la française. La façade, les toitures et le parc du manoir ont été inscrits aux Monuments historiques en 1965 et le jardin a obtenu le label « Jardin remarquable » en décembre 2022.