Origine et histoire du Manoir des évêques de Lisieux
Le manoir des Évêques de Lisieux, situé à Canapville (Calvados), est une ancienne demeure dont l'origine est attribuée au XIIIe siècle, bien que certaines sources la situent au XVIe siècle. Il se dresse au cœur de la vallée de la Touques, jouxtant l'église Saint‑Sulpice à l'entrée du bourg, dans le pays d'Auge, le long de la route départementale 677 et de la ligne de chemin de fer reliant Lisieux à Trouville‑Deauville. L'édifice est protégé au titre des monuments historiques.
Selon Philippe Déterville, le manoir aurait été, jusqu'au dernier quart du XIVe siècle, une résidence des évêques comtes de Lisieux, fait évoqué par la présence d'une tête d'évêque sculptée; Jean‑Marie Pérouse de Montclos signale toutefois une possible confusion avec une paroisse homonyme dans l'Orne. Une autre hypothèse attribue la construction à Loys Despassam, chargé en 1418 par le roi d'administrer les revenus de l'évêché de Lisieux. La première mention documentaire date d'un acte de vente du 8 avril 1448 entre Benoît de Launoy et Guillaume de Berteville; le manoir est revendu le 19 avril 1450 à Jehan de Fossey et demeure ensuite dans la famille de Fossey pendant environ deux siècles. Par la suite, le domaine fut partagé, transmis et vendu entre plusieurs familles — Mathan, Costart, puis, par héritages et rachats, Tesson, Subtil de Franqueville et Le Courtois du Manoir — la propriété relevant enfin de Charles‑Gaston Le Courtois du Manoir, descendant des acquéreurs du XVe siècle. Le manoir a servi de ferme jusque dans les années 1950.
Le site s'organise autour d'une enceinte polygonale dont un côté est occupé par un logis en colombages et plusieurs bâtiments accolés. L'élément le plus ancien conservé semble être la base en pierre qui réunit une tourelle d'escalier octogonale en bel appareil calcaire, adossée au corps de maçonnerie où s'ouvrent trois cheminées. De part et d'autre de cet ensemble en pierre furent édifiées, au début du XVe siècle, deux bâtisses à pans de bois : celle de droite abritait un cellier, un pressoir à cidre avec tour à piler et presse à longue étreinte, ainsi qu'un grenier à pommes; elle se distingue par une avancée en colombages protégée par un toit à deux versants, une façade à damier rose et blanc et deux lucarnes de gabarits différents. La bâtisse de gauche, entièrement en colombages, correspondait au logis seigneurial. Dans le prolongement, mais formant un angle oblique, se trouve l'ancienne maison du fermier, également en colombages et à façade symétrique; le poteau d'huisserie entre ses deux portes porte une tête d'évêque sculptée.
Cette maison abrite aujourd'hui une collection de porcelaines chinoises bleues et blanches des époques Ming et Qing, tandis que les anciennes écuries du XVIIIe siècle servent de salle d'accueil et d'exposition permanente d'objets d'Extrême‑Orient. Les deux logis, y compris le bâtiment attenant utilisé comme pressoir, ont été classés par arrêté du 2 novembre 2004, et les communs, le portail, le mur de clôture ainsi que les sols d'assiette sont inscrits par le même arrêté; un classement antérieur du 23 mars 1949 avait été annulé.