Origine et histoire du Manoir des Lauriers
Le manoir dit « Les Lauriers » se situe à Savennières, dans le Maine-et-Loire. Il s'agit d'une demeure de plaisance du Val de Loire édifiée au cours du premier quart du XVIIIe siècle. La propriété comprend un parc aménagé avec un jardin à la française, un jardin de topiaires, un mail de tilleuls, des bosquets et une roseraie.
François Poulain de la Foresterie, maire d'Angers et amateur de jardins — qui fit replanter et orner d'arcades le grand mail d'Angers en 1707 — acheta plusieurs maisons rue des Quatre-Œufs et, avec son fils Charles Poulain de Bouju, professeur de droit canon à l'université d'Angers, entreprit la construction de cette demeure. Un premier corps de bâtiment fut élevé en bordure de rue ; après l'acquisition de la voie, une cour d'entrée fut créée donnant sur la rue de la Barrière-Benoist (aujourd'hui rue Beau-Soleil), avec pressoir et cellier en retour d'équerre au nord. La propriété prit alors le nom de « Les Lauriers ».
En 1723, Charles Poulain de Bouju vendit la demeure à Jean‑Pierre de Swinford, un gentilhomme originaire de Heidelberg, converti au catholicisme quelques années auparavant et marié à Catherine Joly des Hayes ; en 1724 il obtint ses lettres de naturalité françaises. M. de Swinford poursuivit l'embellissement du domaine en ajoutant un grand pavillon à fronton central, orienté vers le sud et donnant sur des jardins français en terrasses, « ayant son aspect sur la rivière de Loire ». Il céda la propriété en 1745 à maître Jacques Duboys.
Jacques Duboys, recteur de la Faculté de Droit d'Angers, fut propriétaire jusqu'à la vente par adjudication en 1756 ; Perrine Pélagie Cassin, veuve du chevalier de Goué de Clivoy, l'acheta alors. La propriété passa ensuite à la famille Romain, qui la céda le 30 août 1785 aux frères et sœur Joachim, Jean, Joseph et Marie‑Françoise Trottouin, négociants à Angers ; ceux-ci la revendirent le 23 novembre 1792 à Jacques Gastineau, professeur de droit et membre puis directeur de l'Académie royale des sciences, belles‑lettres et arts d'Angers. Sa fille, Mme Doublard du Vigneau, vendit Les Lauriers le 7 vendémiaire de l'an V à Louis Tardif de La Chaumerie, conseiller du roi et procureur au contremesurage des sels.
Plusieurs familles se succédèrent ensuite ; la comtesse de Gramont de Coigny fit ajouter le portail d'entrée, transmis ensuite au duc de Cadaval, son petit‑fils. En 1971, Robert et Violette Cointreau acquérirent la propriété et y créèrent notamment une roseraie en l'agrandissant vers le sud. Les façades et toitures du manoir ainsi que les jardins ont été inscrits aux monuments historiques en 1974. Depuis le printemps 2018, les propriétaires actuels ouvrent les jardins à la visite.
