Origine et histoire
Le manoir du Boberil, situé à L'Hermitage (Ille-et-Vilaine) au sud de la commune sur la route de Mordelles, est inscrit dans sa totalité au titre des monuments historiques depuis le 3 mai 2018.
La seigneurie et la maison du Boberil portent ce nom depuis au moins 1284 et la terre est possédée « de temps immémorial » jusqu'au XXIe siècle.
Au XVIe siècle la terre du Boberil est érigée en châtellenie par le roi Henri III, et le propriétaire entreprend d'importantes transformations : la salle basse reçoit un plafond, un nouveau logis en terre est construit (aujourd'hui disparu) et un pavillon arrière sur deux niveaux est élevé, tandis qu'une grange en bauge et adobe, maçonnée en épi, est édifiée quelques mètres plus au nord.
Vincent du Boberil épouse en 1562 Françoise d'Ust, héritière de la terre du Molant, dont la descendance conserve la seigneurie ; il est lieutenant de l'arrière-ban et capitaine des arquebusiers de l'évêché de Rennes en 1572 et est nommé chevalier de l'ordre du Roi en 1600.
Les châtelains prennent possession du château du Molant et transforment alors le manoir du Boberil en métairie, le dernier pavillon servant de résidence.
Les registres de réparations indiquent en 1768 un état de délabrement avancé du manoir.
En 2005-2006, le comte Olivier du Boberil envisage sa restauration, puis le propriétaire actuel entreprend, depuis 2017, d'importants travaux visant à restituer le manoir dans l'état du XVIe siècle, tant dans le rendu que dans les techniques et matériaux d'origine.
Les travaux mobilisent des méthodes anciennes telles que la bauge, le plancher à quenouilles et des maçonneries enduites de terre récupérée sur place, et sont documentés par des vidéos produites depuis 2017 par Studio Sherlock.
Le manoir, dont la construction remonte à la première moitié du XIVe siècle, s'élève sur un ancien site castral entouré d'un réseau de douves polygonales et d'une petite levée de terre, vestiges d'un système défensif.
Le bâtiment présente des murs porteurs en moellons de schiste et en poudingue maçonnés en terre ; il adopte un plan rectangulaire de 20,6 × 8,90 m orienté nord-ouest.
L'entrée de la cour était jadis pourvue d'un logis-porte en terre aujourd'hui disparu et une mare, au nord-ouest du domaine, a été profondément remaniée au fil des siècles.
L'entrée principale au nord est précédée d'un chapitreau de bois dont certains éléments datent du XIVe siècle, les modénatures de la façade sont en granite et les principales fenêtres se situent côté nord, la baie principale de la salle basse ayant été composée d'une croisée de pierre élancée surmontée de trilobes.
À l'origine le logis était plus long ; au rez-de-chaussée se trouvait une grande salle basse sous charpente de ferme cintrée apparente ornée de bagues et scoties moulurées, poinçons, jambes de force et aisseliers cintrés soutenant de puissants arbalétriers, correspondant au type de certaines charpentes armoricaines.
Sur une des fermes ont été retrouvées des traces noirâtres régulières, espacées de 25 cm sur fond blanc, dont le contour suggère la forme à plusieurs pointes des ancolies figurant dans le blason des du Boberil.
Cette grande salle de 8 × 10 m est équipée d'une large cheminée sur le mur de refend ouest, bien qu'un ancien chaînage du mur gouttereau sud indique que la cheminée fut déplacée, probablement lors du changement de fonction du manoir ; les cuisines occupaient le levant et le cellier le couchant.
Au XVIe siècle, un plancher est posé pour créer un étage accessible par un escalier droit à l'ouest ; le mur conserve l'empreinte d'une porte donnant sur le vide de la grande salle, vestige d'un accès à un escalier en bois.
Côté levant, un escalier à vis intégré dans une tourelle maçonnée desservait une autre chambre dont la porte était surmontée de corbeaux attestant l'existence d'une structure supérieure.
Des travaux menés entre 1770 et 1780 réduisent la superficie du logis après l'apparition d'une lézarde fragilisant le pignon ouest qui est reconstruit ; en 1829 le cadastre napoléonien ne mentionne pas le bâtiment en terre édifié à l'est du logis et aujourd'hui disparu, et une extension dont subsiste le pignon est est détruite par un incendie en 1960 qui endommage fortement l'ensemble.
Le pavillon, entièrement en bois, avait été démoli par le père de l'actuel propriétaire pour des raisons de sécurité ; les bois poussés vers les douves ont permis en 2017 de retrouver les techniques d'assemblage de l'ensemble ; sa toiture comportait treize formats d'ardoises posées aux clous, des tuiles faîtières en terre cuite vernissée verte et un épi de faîtage en terre cuite vernissée.
Le colombier, construit au XVIe siècle au nord du logis, affirme le statut seigneurial et est réalisé en terre sous un toit d'ardoises coiffé d'un petit lanterneau.
La chapelle, érigée en 1592 au sud de l'église par le seigneur du Boberil et assortie d'un droit de dîme, était placée sous le vocable de saint Marc ; elle a disparu et son emplacement est aujourd'hui signalé par une croix ; un pèlerinage y avait lieu chaque année pour la fièvre et, le jour de la fête patronale, une assemblée où les vassaux rendaient leurs aveux.
La seigneurie et le manoir ont été détenus de longue date par la famille du Boberil, dont les premiers auteurs connus remontent à Geoffroy en 1285, puis par une succession de membres de la lignée — plusieurs d'entre eux rendent aveu au duc ou tiennent des charges militaires et seigneuriales — avant une vente en 1607 aux Henry de la Chesnaye et une reprise de la seigneurie par Jean du Boberil en 1609 ; la filiation se poursuit par la suite jusqu'à Olivier du Boberil (né en 1947), restaurateur du manoir depuis 2017.