Origine et histoire du Manoir du Châtelier-Guitrel
Le manoir occupe un promontoire rocheux dominant l'estuaire de la Rance, ce qui suggère un ancien éperon barré et une occupation défensive ancienne, attestée par la présence d'une motte féodale à l'entrée du promontoire. Le corps de logis principal, de plan allongé, date de la seconde moitié du XVIe siècle ; la façade antérieure présente une tour d'escalier hors-œuvre d'abord polygonale puis carrée, ainsi qu'une ornementation sculptée de style Renaissance. Au XVIIIe siècle, le logis est agrandi par l'adjonction de deux petites ailes basses et réorganisé intérieurement ; une nouvelle chapelle est construite et des jardins en terrasses avec une promenade sont aménagés. Plusieurs bâtiments de communs, dont certains datent du XIXe siècle, sont conservés, ainsi qu'un ancien colombier. La première description connue du manoir figure dans un aveu du 9 mars 1558 rendu par Nicolas-Thomas-Claude de Tréméreuc à Guy de Rieulx ; il y est question de la maison seigneuriale dite le Chastelier, des écuries et autres logis, des cours et dépendances, d'un colombier, de jardins, d'un verger et d'une vallée donnant sur la mer, de bois et taillis, de garennes, d'un droit de pêche en mer, ainsi que de la métairie, des terres et communs, l'ensemble couvrant environ vingt journaux de terre, pour la plupart contigus à la Rance et à un étang lié au vieux moulin de Rochefort. Le domaine passe probablement par alliance aux de Follenay, dont une héritière épouse un sieur Poullain. Le manoir réapparaît dans les actes le 30 juin 1735 lors de sa vente à Louis Baudran, effectuée en même temps que celle des châteaux voisins de la Herviais et de Rochefort. La fille de Louis Baudran, Marie-Anne, épouse en 1773 François-René White, seigneur d'Albyville, qui hérite ensuite du domaine ; il fait construire la chapelle en 1780 et procède vraisemblablement à l'agrandissement des jardins en terrasses et de la promenade, cherchant à faire du lieu un lieu de plaisir et de repos. Le grand-père de François-René, Guillaume White, d'origine irlandaise, fut un important armateur et négociant malouin, reconnu par lettres patentes de juin 1718 comme « vray et naturel sujet du Roy ». Leur fils, Louis-Marie White d'Albyville, né à Saint-Malo en 1778, poursuit la tradition du commerce maritime et, pendant la chouannerie de 1815, commande la 6e cohorte de la légion de Dinan sous l'autorité du colonel du Breil de Pontbriand. Le manoir demeure dans la famille White d'Albyville jusqu'au milieu des années 1990, date à laquelle il est acquis par les propriétaires actuels.