Origine et histoire
Le manoir du Désert est une demeure située à Honfleur, dans le Calvados, en Normandie. Il se trouve chemin du Buquet, isolé au‑dessus de la ville, à 1,5 km au sud du vieux bassin, et domine l'estuaire de la Seine ainsi que la vallée de la Claire. Le toponyme « Désert » signale un défrichement tardif. Classé au titre des monuments historiques depuis le 25 septembre 1928, il est considéré comme un bâtiment représentatif de l'architecture noble du Pays d'Auge. Construit après la guerre de Cent Ans, à la fin du XVe et au XVIe siècle, il est attribué aux navigateurs Jean et Charles Le Danois, mentionnés dans des documents de la seconde moitié du siècle. Les plans initiaux prévoyaient une construction entièrement en dur, mais ils ont été modifiés en cours de chantier, peut‑être pour des raisons économiques. Des travaux ont été effectués sur le garde‑corps au XVIIIe siècle. Le manoir appartient aujourd'hui à la ville d'Honfleur.
Établi au milieu d'un domaine agricole, le bâtiment présente au rez‑de‑chaussée un appareillage en damiers de silex et de pierre, tandis que l'étage est à colombages et en encorbellement. La cour est entourée de murs percés de meurtrières ; cet enclos d'environ 100 mètres de côté regroupe les divers édifices du complexe, le logis étant situé à peu près au centre. Chaque niveau comporte deux pièces principales : le rez‑de‑chaussée associe silex et calcaire, et l'étage s'appuie sur un encorbellement peu prononcé. La façade principale est animée par une tour à pans coupés qui abrite l'escalier, donne accès aux étages et comporte au sommet une pièce pouvant avoir servi d'observation ; la porte, au bas de la tour, est surmontée d'un linteau en accolade. L'édifice conserve des fenêtres à meneaux munies de grilles en fer et des contreforts en pierre de taille ; la façade arrière présente une galerie de cinq travées. Deux pièces au sud, de dimensions différentes, possèdent chacune une cheminée, dont l'une porte la sculpture d'un animal ; les sols sont dallés et les plafonds composés de poutres et de solives. À l'étage, la plus grande pièce a été remaniée au XVIIIe siècle tandis que la plus petite a gardé son état d'origine. Le manoir conserve de nombreux graffitis marins, notamment dans la tourelle, inscrits sur des hourdis de chaux ou de pierre ; l'un d'eux représente peut‑être une caravelle, ce qui diffère des représentations habituelles de petits navires de commerce.
Classé depuis 1928 et signalé comme patrimoine en péril, le manoir a fait l'objet d'une campagne de restauration qui s'est achevée en 2022.