Origine et histoire du Manoir du Grand-Courtoiseau
Le manoir actuel, aux proportions harmonieuses, a été érigé aux XVIIe ou XVIIIe siècles en remplacement d’une forteresse rectangulaire établie vers 1480 par la famille d’Avy. Il illustre l’évolution des demeures de campagne dans le Val de Loire depuis la fin du Moyen Âge. L’absence de bâtiments agricoles et de basse-cour traduit la perte de sa fonction économique au profit d’un usage résidentiel, tandis que la fonction défensive a disparu. Probablement entouré de douves à l’origine, le manoir s’organise autour d’une cour centrale rectangulaire ornée d’un large bassin, selon un plan en U caractéristique de l’architecture solognote. On y accède par un portail percé au nord, encadré par deux ailes symétriques abritant les dépendances : écurie et sellerie à l’est, remise à voitures à l’ouest, que le propriétaire date du XVIIe siècle. Les côtés est et ouest sont fermés par des murs de clôture enduits, à jambages de briques, percés d’ouvertures encadrées de briques permettant l’accès à de petites constructions extérieures ; la plus importante, à l’est, dessert le pavillon de la chapelle. Un corps de logis ferme le côté sud du quadrilatère ; sa transformation ou reconstruction est attribuée à la famille Dupré de Saint-Maur, propriétaire au XVIIIe siècle. Le corps central, à cinq travées sur trois niveaux, est flanqué de deux pavillons bas sur deux niveaux ; l’ensemble est unifié par un double cordon de briques qui prolonge en partie basse le larmier de pierre du fronton central. À l’exception de ce fronton, présent sur les deux façades, le corps de logis est entièrement enduit et présente des encadrements de baies en briques ainsi que les jambages des lucarnes droites à frontons. Le miniaturiste Jean-Baptiste Augustin y a vécu de 1819 jusqu’à la fin de sa vie. Au tournant des XIXe et XXe siècles, une petite serre à structure métallique a été ajoutée à l’angle sud-est du corps de logis, peut‑être par le naturaliste Auguste Cornu de la Fontaine de Coincy. Alfred‑Léon Gérault‑Richard, député de Guadeloupe et propriétaire à partir de 1906, a modifié la distribution intérieure du logis et y a beaucoup reçu. À partir de 1946 la propriété a connu de nombreux propriétaires, parmi lesquels l’écrivain Hervé Bazin, qui y a vécu en quasi‑autarcie et y a écrit ses dernières œuvres, et le chanteur Mouloudji. Rachetée en 1989 par les propriétaires actuels, la demeure a fait l’objet de restaurations attentives et, depuis 1991, d’un jardin raffiné conçu par Alain Richer, aujourd’hui ouvert à la visite.