Origine et histoire du Manoir du Hom
Le manoir du Hom, à Beaumont-le-Roger (Eure, Normandie), est inscrit aux monuments historiques depuis 1989, au titre du manoir lui‑même ainsi que des communs, des cours et des douves. Il se situe dans le pays d'Ouche, à l'ouest du département, au cœur de la vallée de la Risle, dans un environnement rural relativement préservé du fait de son éloignement du centre‑ville. L'édifice offre des perspectives sur les champs et les prairies, sur les coteaux boisés à l'ouest et sur la Risle à l'est ; la zone fait partie de la ZNIEFF de type 1 "Le bois et les prairies du Hom", remarquable par sa flore (pigamon jaune, gaillet des fanges, renoncule aquatique) et sa faune (gomphus à pinces, criquet ensanglanté, héron cendré). Seule la ligne de chemin de fer de Mantes‑la‑Jolie à Cherbourg rompt quelque peu le caractère préservé du paysage. La propriété n'est visible que depuis la rue du Hom, un chemin menant à la pisciculture de Fontaine à Roger, et est accessible uniquement depuis la route départementale 23.
Le toponyme Hom est d'origine scandinave (ancien scandinave holmr) et signifie îlot ou prairie bordant l'eau, allusion à l'implantation entourée d'eaux. Le manoir est mentionné dès 1160 ; la chapelle Sainte‑Marie‑Madeleine existait encore vers 1850. En 1420, le Hom appartenait à Isabelle de Pommereuil, qui fut dépossédée après la victoire des Anglais en raison de sa résistance à l'invasion. La construction du manoir actuel est datée de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle et lui est attribuée à la famille d'Avoise ; il remplace une demeure très ancienne édifiée au XIe siècle, contemporaine du château féodal. Le manoir a ensuite connu plusieurs propriétaires, parmi lesquels Dupont de l'Eure ; au XIXe siècle il a été acquis par la duchesse de Magenta et demeure aujourd'hui la propriété de ses descendants.
À l'origine, l'édifice, cerné de douves, comprenait des ailes autour d'une cour centrale carrée et quatre pavillons d'angle ; il subsiste aujourd'hui deux pavillons et des élévations partielles de l'aile sud, rehaussée par un logis à pans de bois. Les murs associent silex taillé et pierre de taille, employés pour les chaînes d'angle, corniches, plates‑bandes clavées et lucarnes à fronton. Les communs, placés en avant‑cour et anciens bâtiments d'écurie, sont également entourés de douves ; leurs façades reposent sur un soubassement de moellons, briques et pierres de taille, surmonté d'élévations en pans de bois, et un vaste porche percé dans ces communs donne accès à la cour centrale. La protection inscrite le 7 septembre 1989 couvre la cour et les douves, les façades et toitures du pavillon nord (à l'exception de l'appentis en façade sud), celles du pavillon ouest et du bâtiment contigu ainsi que de l'ancienne chapelle, et enfin les façades et toitures des communs.
