Origine et histoire
Le manoir du Jarossay est situé à Courgeoût (lieudit Le Jarossay) dans l'Orne. Il a été élevé par Denis Abot (vers 1450-1532) ; on suppose que sa construction a pu coïncider avec son installation à Mortagne à la fin du XVe siècle. Du manoir primitif subsiste le grand logis de plan rectangulaire avec un étage carré, desservi par un escalier hors-œuvre ajouté postérieurement ; un escalier secondaire, en encorbellement du principal, donne accès à une salle haute. Dès cette époque, le logis a servi de siège à une métairie et des bâtiments d'exploitation s'articulaient autour de la basse-cour : une grange reliée au logis par un mur à l'est, et, au centre et au nord de la cour, étable, écurie et pressoir. Les partages successifs indiquent que le manoir comprenait à l'origine deux chambres et une cuisine au rez-de-chaussée, et deux chambres à l'étage. Le retour d'équerre a été construit après le premier corps de logis, du moins pour sa partie basse. Le domaine est resté dans la famille Abot jusqu'au milieu du XVIIe siècle, puis est passé par mariage à la famille de Tiercelin. François René de Tiercelin (1682-1758) a profondément remanié le Jarossay en 1750 : de grandes croisées ont remplacé les baies Renaissance, une porte à double vantail a été ouverte au centre du logis, la toiture a été entièrement refaite et les lucarnes redessinées. La distribution intérieure a également été très modifiée : la salle du rez-de-chaussée a été cloisonnée pour créer un dégagement central, et les deux chambres de l'étage ont été subdivisées en alcôves, petits cabinets et logements pour les domestiques. À la vente de 1774, la famille de Champmorin a surtout transformé l'extérieur en aménageant autour du logis principal un jardin anglais en terrasse et en créant une avenue depuis la route. Revendu en 1836 à Aubin de Blanpré, propriétaire du château voisin de Prulay, le Jarossay a alors été relégué au statut de ferme et a formé une dépendance du château des Guillets jusqu'à ces dernières années. L'édifice fait l'objet d'une inscription partielle au titre des monuments historiques depuis le 23 septembre 1998 : sont protégés les façades et les toitures du logis et de la grange, les escaliers, la peinture murale de la chambre du rez-de-chaussée et le mur de clôture délimitant le jardin d'agrément et joignant le corps de logis à la grange.