Période
limite XIVe siècle XVe siècle, XVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle
Patrimoine classé
Le corps de logis principal avec son aile en retour, en totalité ; l'ensemble défensif à l'ouest du logis ; les façades et toitures du pressoir et du moulin ; la chapelle, en totalité ; dans la basse-cour : les façades et toitures de la grange, des communs ouest et des deux charretteries, ainsi que le porche ; les douves, le vivier et le jardin fossoyé (cad. D 89, lieudit Le Parc, 90, 92, lieudit Le Parc d'Ourville, 93, lieudit Le Jardin de l'Epine) : inscription par arrêté du 27 novembre 2000
Origine et histoire du Manoir du Parc
Le Manoir du Parc se situe à 2,3 km au nord‑est de l'église Saint‑Lô de Saint‑Lô‑d'Ourville, dans la commune nouvelle de Port‑Bail‑sur‑Mer (Manche, Normandie). Le manoir occupe l'emplacement d'une ancienne maison forte sur motte des XIe‑XIIe siècles, l'une des sept du canton de Barneville‑Carteret, rasée sur ordre de Philippe Auguste au début du XIIIe siècle ; la motte a disparu. La maison forte originelle se présentait comme un logis quadrangulaire de 30 × 25 m ceint de douves, à l'emplacement du logis seigneurial actuel. Avant le rattachement de la Normandie en 1204, le fief appartenait à la famille d'Aubigny ; le roi fit démolir le château et donna le fief à la famille d'Argences, autorisant l'érection d'un manoir. Des seigneurs d'Argences sont attestés en 1279 et en 1376, puis la seigneurie change de mains à plusieurs reprises au cours de la guerre de Cent Ans et des siècles suivants. Au début du XVe siècle, Collibeaux de Criquebeuf en était propriétaire ; le fief fut confisqué par Henri V d'Angleterre, transmis ensuite à Jehan d'Argouges puis, en 1429, à Thomas V de Clamorgan, avant de passer à la famille de La Rivière. Dans la seconde moitié du XVIe siècle la famille de Thieuville détient le fief ; Gilles de Thieuville y est notamment taxé en 1567 et Charles de Thieuville est reconnu noble en 1576. Le 11 février 1612, Jacques de Thieuville rend aveu du fief, qui comprend alors un manoir avec douve et motte, un moulin à eau, un moulin à vent, un colombier, une chapelle, deux moulins en ruine, trois fiefs nobles et dix‑sept vavassories. Au XVIIe siècle la seigneurie appartient successivement aux familles de Pierrepont et de Thère ; l'héritière Anne‑Eustache‑Charlotte‑Rose d'Osmond‑Médavy transmet le fief, par mariage en 1802, au marquis de Sainte‑Suzanne Adolphe‑Charles Bonnaventure de Mauconvenant. À partir de cette date, le manoir est transformé en exploitation agricole. En 1998, le manoir appartenait à M. et Mme Giard, qui entreprirent des travaux de restauration.
Le logis principal a été commencé vers 1400, enrichi d'adjonctions dans les années 1500‑1540 et achevé autour de 1600. Le bâtiment se présente comme un logis haut de deux étages ; il est flanqué à droite d'une tour cylindrique de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. La partie gauche est du XVIIe siècle et s'accompagne d'un corps en équerre qui comprend un pigeonnier et une tourelle. Dans la cour, autrefois accessible par une porte charretière en plein cintre aujourd'hui disparue, se trouve à droite une charreterie de la fin du XVIe siècle prolongée par une chapelle datée des environs de 1450 et percée de fenêtres de style gothique. Les communs s'étendent du XVe au XVIIe siècle et l'ensemble constitue un domaine seigneurial complet comprenant mur défensif, colombier, moulin, pressoir, douves, vivier, jardin fossoyé et bâtiments agricoles en cour fermée autour du logis. Sur les murs de la chapelle, visibles par temps sec, subsistent des fragments de blasons peints, dont ceux des familles de Thieuville et du Mesnildot.
Le corps de logis principal et son aile en retour, l'ensemble défensif à l'ouest, la chapelle, les façades et toitures du pressoir et du moulin ainsi que, dans la basse‑cour, la grange, les communs ouest, les deux charreteries, le porche, les douves, le vivier et le jardin fossoyé sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 27 novembre 2000.